#L’œil éclos n°12

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les oeuvres de la collection Francès.

 

◊ Adrian Ghenie, Untitled, 2011, huile sur toile, © Collection Francès

 

1967. Hitler a gagné la guerre… Toutes les guerres. Seuls les Etats-Unis, faibles et fatigués continuent de lutter. Eux qui se sentaient intouchables, ont maintenant quatre continents allemands face à eux. Demain, le Führer compte leur proposer un accord, pour se faire livrer les derniers Juifs encore sur Terre. Sur un grand plateau, il a réparti ses pions, il a plus de soldats que n’importe quel dirigeant n’a pu avoir. Il règne sur un monde de feu et de sang, son monde, mais alors qu’il devrait jubiler, il observe un décor bien triste… Envahi par une étrange mélancolie.

“Qui suis-je ? Comment en suis-je arrivé là ?”

Son peuple ne crie plus, trop effrayé. Personne n’ose le contredire, lui qui aimait tant défier l’autorité n’a plus personne à qui désobéir. Même sa femme, qui l’a épousé sous la contrainte, ne lui fait aucun reproche. Tous s’écrasent et se taisent, ont l’air morts intérieurement. Qu’a-t-il fait à l’humanité ? Il a pratiquement réduit d’un quart leur population, et ceux qui restent ne sont plus qu’ombres cernées. Il se tourne vers une de ses fenêtres surplombant une ville à demi écroulée, soupire en observant l’altercation d’un de ses sergents par un groupe de manants au dos courbe et à l’allure repoussante.

“Ils auraient dû m’accepter aux Beaux-arts. Je serais devenu peintre.”

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