#L’œil éclos n°15

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les oeuvres de la collection Francès.

◊ Sebastiao Salgado, India, Churchgate Station, Bombay (Western Railroad Line), 1995, tirage argentique, © Collection Francès.

 

La foule, le bruit, la crasse des quais et leur odeur nauséabonde. Un monde que l’on connaît bien, où un tas de gens s’agglutine pour former une marée humaine pressée, au regard mauvais ou effrayé à l’idée de rater le départ.

Un brouhaha constant, épuisant et assourdissant !

Et au milieu de tout ça un homme, un anonyme égaré cherchant désespérément du regard un point de repère qui n’existe pas, quelque chose qui lui serait familier, rassurant. La silhouette du train qui doit l’emmener loin de la guerre paraît effrayante. Monstre de métal venu l’arracher à son pays à l’agonie, pour l’emmener loin, très loin. Chez ceux qui ne s’arrêtent jamais où il risquera un peu moins la mort mais ne saura où dormir, où manger. Il fuit son foyer bombardé en se faisant la réflexion qu’au final, la guerre n’est jamais très loin. Et qu’elle finira bien par le rattraper un jour, alors qu’il sera sur un quai parisien, à supplier les passants de l’aider.

 

Cette photographie des quais bondés de la gare de Churchgate à Mumbai est issue de la série Migrations, elle nous expose une masse en mouvements, une foule de migrants fuyant la guerre dans une ville à la densité de population effrayante. Dans un contexte politique tendu, l’année même du changement de nom de la ville, Salgado prend sa photo et immortalise cette scène dans la « ville des migrants ».

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