Un aller-retour : Paris / Stellenbosch

Événement de la Triennale de Stellenbosch , du 11 février au 30 avril 2020

Malebona Maphutse a quitté le sol français pendant quelques semaines pour retourner dans son pays natal, l’Afrique du Sud. La raison pour laquelle elle est partie ? Pour participer à la première triennale d’art contemporain en Afrique. Aujourd’hui de retour à Paris, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec elle sur cette expérience nouvelle.

La Stellenbosch Triennale est un événement qui regroupe une multitude d’expositions d’artistes, tous originaires de différents pays du continent africain. Cet événement permet l’élaboration d’une plateforme créative où les artistes s’engagent à établir un dialogue, par le biais de leurs œuvres, autour d’enjeux sociétaux. L’ultime but de cet événement est de dessiner l’avenir du monde d’un point de vue africain.

Malebona constate que la plupart des artistes africains invités à participer à cet événement résident en Europe, elle s’interroge sur les raisons qui les motivent à quitter leur pays natal pour vivre ailleurs.

Cette exposition est pour le moins spectaculaire. Tout d’abord par la ville atypique qui l’accueille, Stellenbosch, située dans le sud-ouest d’Afrique du Sud. Son contexte historique, politique, social et racial reste tout à fait particulier et de fait encore aujourd’hui. Cette ville au lourd passé, retrace au travers de son architecture néerlandaise, le passage ardu de la domination coloniale des Pays-Bas datant du XVIIe siècle. Connue pour ses grandes industries viticoles, elle peint des paysages verts majestueux s’étendant vers l’infini par leur grandeur : « c’est un paradis pour le moins paradoxal », nous confie Malebona. Les habitants, qui sont en grande majorité blancs, restent perplexes à l’idée de voir un groupe de jeunes gens noirs dans cette ville. En général, ce sont des touristes provenant des Pays-Bas ou du Royaume-Uni qui visitent Stellenbosch. Le paradoxe est d’autant plus accentué qu’à seulement quelques kilomètres de la ville, nous trouvons Cape Town, tristement célèbre pour ses nombreux townships où les habitants noirs sont généralement empaquetés dans des environnements restreints.

Ayant conscience du contexte complexe de ce lieu, Malebona a pris la décision de participer à l’exposition ON THE CUSP, un satellite de la triennale qui focalise son concept autour du thème de la guérison. Accompagnée de sept autres artistes, elle y expose peintures, installation, vidéo et suscite un grand intérêt auprès des collectionneurs.

 

Pour l’artiste, la triennale de Stellenbosch est donc très différente de ce qu’elle peut éprouver en Europe ce qui ne fait qu’augmenter l’intérêt de cette expérience. Malgré des ressources financières très limitées pour participer à cet événement, en devenir, Malebona est consciente que la plus grande richesse du projet se situe dans le partage et les échanges qu’elle a pu générer avec les autres artistes, notamment avec des artistes du collectif Asafo Black originaires du Nigéria et du Ghana avec qui elle souhaiterait collaborer dans un futur proche.

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