L’oeil éclos #27

Nicholas Harper – Alone

 

Un cadre couleur bronze usé par le temps. A première vue, il aurait pu contenir le portrait d’un membre d’une riche famille, arborant les dorures et blasons qui lui iront. Cependant, il en est tout autre. Tout est sombre, un noir profond domine l’ensemble, une pâle  figure semble émerger des ténèbres, de profil et à peine esquissée. Ce personnage nous donne une impression étrange car il n’a pas de regard, comme deux orbites vides qui semblent absorber la lumière. Elle possède un long cou comme un bras articulable, soutenu par col blanc, seul élément clair de l’ensemble. Enfin, une unique mèche fait office de chevelure, ressemblant à une pâte d’araignée. Ce personnage anonyme semble tout droit sorti d’un bestiaire, membre d’une famille de monstre disparue immortalisé sur toile. Cependant, cette figure ne créée pas forcément la peur, au contraire elle appelle à une sorte de contemplation méditative, comme une fascination qui s’opère. En effet, le personnage ne montre aucune hostilité, nous ne sommes pas face à un « monstre » menaçant.

Cette œuvre intitulée « Alone » est la création de l’artiste américain Nicholas Harper. Il traître ses personnages de manière souvent difformes, bien régulièrement dans des décors et univers encrés de magie. Son univers reflète des codes et croyances dogmatiques s’inspirant notamment d’une iconographie russe et byzantine. Cependant face à ce qui ressemble à une mythologie fantastique, Nicholas Harper souhaite mettre en avant les gens ordinaires, devenant ainsi des icones contemporaines.  Il représente ces personnes de tousles jours sous un aspect royal ou divin. Au travers de ces distorsions physiques, il souhaite faire transparaître l’aspect psychologique complexe de notre époque. Un élément fondamental est le regard, qu’il soit vide ou pensant, il est le véritable reflet de l’âme. Il travaille en conséquence d’avantage une psychologie qu’un physique. Une beauté complexe et pleine de rêves et de fantaisies. Même si l’atmosphère générale est sombre et fantomatique, il ne s’en dégage pas moins une certaine plénitude, une sensation de douceur qui invite à la contemplation.

Fondateur de la galerie Rogue Buddha à Minneapolis, l’artiste s’entoure d’œuvres au demeurant mystiques et étranges mais fascinantes et belles. Un univers riche et qui invite à un voyage dans l’esprit. Une drôle de fantaisie dans laquelle chacun peut se reconnaître.

 

Visuel : Nicholas Harper, Alone, 49 x 40cm, huile sur toile, pièce unique © collection Francès

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