#L’œil Éclos n°2 – Berlinde de Bruyckere

Au premier regard, intriguée par tous ces éléments s’entremêlant j’ai cherché à déterminer un sens à cette œuvre avant de me rendre compte qu’ils étaient multiples.

J’ai tout de suite été fascinée par le travail de la matière. Dégoutée par l’aspect terriblement humain de ces charpies, elles ont également pu éveiller une curiosité, celle du toucher.
J’éprouve face à cette œuvre une irrépressible envie de ressentir la matière afin d’élucider le mystère autour de cette carnation provocante.

Berlinde de Bruyckere nous livre une œuvre en relief, une sculpture de cire, de bois et de tissu dans laquelle chaque dimension compte: la faune frôle la flore.
La cire donne l’idée de chair décomposée, putréfiée. La mort côtoie le désir, celui de la chair nue comme un péché.
Cette vision cadavérique me dérange et souffle tel un vent morbide sur la pièce, au milieu de tout ces portraits illustrant la vie, la jeunesse, la vieillesse.
Blessée, la peau est enroulée autour d’un tissu qui lui sert de bandage, je les imagine pansant ces derniers lambeaux de peau. Cette œuvre animale placée sous sa cloche comme pour éviter l’odeur de se répandre est présentée comme un trophée sauvage tel un acte de cannibalisme.

La violence de la sculpture contraste de manière saisissante avec la peinture de Naoto Kawahara.

La nudité rapproche ces deux œuvres qui se distinguent cependant par l’idée qui s’en répand.
Les couleurs rosées de la peinture de l’artiste japonais évoque le teint des chérubins de Raphaël comme symbole de sainteté s’opposant en tout point à l’idée de mort et de péché émanant de la composition de l’artiste gantoise.
Ces deux œuvres, disposées l’une derrière l’autre, forment un duo alors parfait antonyme l’une de l’autre.

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