#Vendredi Lecture – Fondation A.R.M.A.N – Vu. Pris. Arman

Fondation A.R.M.A.N, Vu. Pris. Arman, 2010, Édition Skira, Flammarion

Créée en 2006, la Fondation A.R.M.A.N (Arman Research Media Art Network) a pour vocation de faire connaître au public et aux chercheurs l’œuvre, l’influence, la vie et l’univers d’Arman.

« Il pose sa devise de toujours quant à l’appropriation. Vu, pris

 

Partage, don, transmission. Tels était les leitmotiv de l’artiste anti-conventionnel Arman. Arman aimait les mots, et communiquait sur son travail par la voie littéraire, notamment ses échanges épistolaires avec sa première épouse, la compositrice Eliane Radigue. Ces échanges se révèlent alors être source foisonnante d’informations sur sa vision de l’art et son travail, tant pictural que sculptural.

Ces lettres aident à l’interprétation de son travail et permettent de comprendre par quel cheminement Arman est devenu un artiste incontournable du XXème siècle. C’est par son amour des lettres et sa passion pour la poésie et les jeux avec les mots que cet ouvrage prend forme.

 

COUPE – Objets découpés en tranches.

Des mots aux gestes, Arman développe dans son travail des techniques simples poussées dans leurs retranchements: il coupe et déconstruit, mais l’objet doit rester reconnaissable, toujours, même après colère, coupe et combustion. Sa règle d’or : chaque objet a une masse accumulative qui ne peut pas être dépassée. L’ensemble de ses techniques gestuelles développées, il préserve le don de la peinture grâce au fil rouge de l’empreinte. L’esprit de production en série se fait pressentir dans les années 49-50, lorsqu’il utilise une roue de vélo comme empreinte pour peindre, dont il en reproduit plusieurs séries.

ACCUMULATION – Plusieurs objets de même type ou de même famille assemblés.

La notion de reproduction d’un motif, d’une trace, d’une empreinte, développe naturellement chez Arman la nécessité de comprendre le fonctionnement d’un objet produit, d’une œuvre, ainsi, les découpes et les accumulations rejoignent ce cheminement intellectuel. Couper l’objet, c’est comprendre son fonctionnement, le décortiquer en somme. De l’objet qui se suffit à lui-même, il crée également des objets hybrides, mêlant diverses formes. Instruments de musique, masques à gaz, ampoules, lampes, journaux… tout y passe. Le fantôme du ready-made se confronte à l’inépuisable inspiration de l’accumulation, puisque tout est cumulable.

 

Ce livre d’artiste, au graphisme travaillé, dévoile l’évolution du processus créatif d’Arman. La coupe au laser de la couverture, n’est définitivement pas un hasard, référence au travail de coupes réalisé durant sa carrière. Les références épistolaires et les jeux avec les mots sont jubilatoires, tandis que l’ensemble de son travail est judicieusement présenté. Un ouvrage clair et ludique pour appréhender le travail artistique singulier d’Arman, un ouvrage à voir, et à prendre.

 

« Ce qui compte dans l’art, c’est la décision.»

Né en 1928 à Nice et décédé en 2005 à New-York, Arman est un artiste peintre, sculpteur et plasticien connu pour ses fameuses « accumulations ».

Chef de file d’un nouveau genre, il est l’un des premiers à utiliser les objets manufacturés comme matière picturale, représentant pour lui le prolongement d’un geste infini de la main de l’homme, dans un cycle continu de production, consommation et destruction. Il explore durant sa carrière différentes techniques caractéristiques de son travail : coupes, colères, combustions, exploitation des déchets et monumental, avec des matériaux plus pérennes, tel le béton. De nombreuses œuvres d’Arman sont également présentées dans les espaces publics, notamment une accumulation d’horloges et de bagages, Gare Saint Lazare à Paris, installée en 1985.

En France, la collection Renault s’est construite sur un modèle collaboratif entre l’artiste et la marque, alors fleuron de l’industrie automobile dans une France en pleine transformation. Constituée entre 1967 et 1985, la collection d’art moderne est riche de plus de 300 œuvres d’une trentaine d’artistes majeurs, produites au regard de l’effervescence technique, culturelle, sociale et industrielle de l’époque. L’art placé au cœur d’une société modernisée est au centre de la collection, dont Ann Hindry est le conservateur depuis de longues années. Une collection passionnante et riche à découvrir absolument.

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