L’oeil éclos #30

    Phumzile Khanyile est une jeune femme photographe née en Afrique du Sud et travaillant à Johannesburg. Elle est diplômée du Market Photo Workshop et reçoit le 2015 Gisèle Wulfsohn Mentorship in Photography. Cette récompense lui permettra d’entreprendre un corpus d’images sous la supervision de la photographe Ayana V. Jackson. Ayana est une artiste qui puise dans des archives et qui s’en inspire pour observer quel impact a eu le regard colonial sur l’histoire de la photographie et sa relation au corps humain comme Phumzile Khanyile. Elle réalise des recherches sur les mythes de la diaspora noire et remet en scène des images d’archives coloniales dans le but de libérer le corps noir. Elle fait donc un lien parfait entre le thème de l’exposition Afrotopia et les sujets abordés par Phumzile Khanyile. En mai 2017, Phumzile Khanyile répond à un appel à candidature lui permettant de participer à la 11ème édition de l’exposition panafricaine Afrotopia. Cet appel à reçu 300 candidatures d’artistes, et seulement 40 propositions ont été retenues, dont celle de Phumzile Khanyile. Cette exposition portée par l’Institut Français est dédiée aux 54 États du continent africain. Son objectif est de présenter les points de vue de la société civile africaine du continent et de sa diaspora récente. C’est alors qu’elle réalise sa première exposition, et depuis cette jeune artiste a été largement présentée dans la presse comme dans The Financial Times, Aperture, The British Journal of Photography…

      En 2016, Phumzile Khanyile commence sa série d’autoportraits, Plastic Crowns. Celui-ci contient une narration forte, exprimée par un langage visuel qui l’est tout autant. Le travail de cette photographe explore les différents aspects de la vie des femmes à travers des évocations de ses propres expériences, brisant les tabous sociaux. En effet, son exploration explicite de la politique sexuelle par ses postures et ses tenues transmettent une volonté de révolte contre des stéréotypes encore trop présent aujourd’hui. Les clichés qu’elle met en avant concernent la place de la femme dans notre société.  Khanyile fait peu de différences entre sa vie privée et son métier. Par ailleurs, c’est dans l’appartement de sa grand-mère qu’elle réalise tous ses photographies. Seulement, elle aime réaliser ces images avec un certain esthétique. Effectivement, ce dernier est caractérisé par des ombres dures, des mises au point douces et des textures luxuriantes. Ces impressions sont données par le voile qu’elle place devant son objectif lors de ses prises de vue. En raison de ces nombreuses particularités, la photographe arrive à nous transmettre une émotion et un message puissant. Pour l’artiste ce tirage est une façon de comprendre par elle-même ce qu’est la féminité, au-delà des idées préconçues qu’elle a pu retenir de sa jeunesse.

     Maintenant intéressons-nous à ce que ces œuvres peuvent nous faire ressentir aux premiers abords. En effet, malgré la douceur que ces images arrivent à nous faire parvenir, elles sont plus dures qu’on ne les perçoit. Phumzile aime jouer avec les couleurs et les stéréotypes, avec l’aide de ballons de baudruches ou encore de sa perruque rouge, mais aussi des éléments de décors, des robes et une couronne, qui contient des pierres colorées. Elle joue avec des postures auxquels elle ajoute des accessoires qui caricaturent les stéréotypes à propos du corps de la femme.

   Dans certaines de ses œuvres qui appartiennent à la même série nous pouvons parfaitement observer les différentes envies de l’artiste. En effet, sur ces photographies nous observons trois éléments typiques de ses approches, que sont la posture choisie, les accessoires et les éléments de décors (ballons de baudruches, tête de lion, couronne, perruque rouge, nuisette, papier peint, chapeau), ou encore les jeux de couleurs. 

   Seulement, dans deux d’entre elles, ces ballons sont placés au niveau de sa poitrine ou de ses parties intimes, éléments de différenciation de sexes à la naissance, et qui, pour elle, lui permettent d’exprimer sa féminité.

 

Visuels : Phumzile Khanyile, Série « Plastic Crowns », 2016. Tirage photographique. Collection Francès

 

SOURCES :

https://www.afronova.com/artists/phumzile-khanyile-2/

https://www.fondationfrances.com/artistes/phumzile-khanyile/ 

https://arles-contemporain.com/plastic-crowns/

https://www.rencontres-arles.com/en/phumzile-khanyile

https://contemporaryand.com/fr/magazines/11th-edition-of-the-rencontres-de-bamako-announced-participating-artists/

https://contemporaryand.com/fr/exhibition/afrotopia/

https://contemporaryand.com/fr/institue/market-photo-workshop/

https://marketphotoworkshop.co.za/projects/mentorships-residencies/gisele-wulfsohn/

https://marianeibrahim.com/fr/artists/27-ayana-v.-jackson/biography/

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