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L’œil éclos #31

L’œil éclos #31

Banksy, Ballerina with Action Man parts, 2005. Résine peinte ; 31 x 20 x 18 cm. Collection Francès

 

Pauline, en stage à la Fondation Francès, nous offre son regard sur une œuvre de la collection Francès.

 

« Vivre, c’est danser, j’aimerais mourir à bout de souffle, épuisée, à la fin d’une danse ou d’un refrain » citation du livre Joséphine Baker par Bocquet publié par SelfMadeHero en 2017.

 

Cette œuvre est une statue de taille constituée de résine peinte en monochrome se rapprochant d’un gris anthracite ce qui donne un caractère froid et dur à l’œuvre.

Elle représente et modélise un graffiti de l’artiste Banksy à ce jour encore anonyme.

Nous y retrouvons l’iconographie de la danseuse.

Elle est notamment présente chez certains autres artistes précédents Banksy, comme notamment Degas ou encore Toulouse-Lautrec.

Pour Degas, la petite danseuse s’apparente à un petit rat de l’opéra, et elle porte notamment comme symbole la survie et de ce travail difficile, même si les époques diffèrent, elle conserve en partie ce symbole.

Ici, Banksy nous montre donc une jeune fille, danseuse tirant une légère révérence. Son visage dénote, en effet ce dernier reprend les traits du jouet aux allures militaire « action man » ce qui donnera à l’œuvre son nom : « Ballerina with an Action Man Parts »

Son visage met donc en relief la critique de la place de l’humain, mais aussi des jouets dans la société. Cela n’est pas le seul élément rapporté d’un autre univers que la danse. La danseuse porte aussi un masque relié à ce qui pourrait être une bouteille d’oxygène. Rappelant d’une part, le côté militaire du jouet, mais aussi son côté polluant par sa fabrication, mais aussi sa consommation. La pollution peut être une des lectures du sujet abordé, ici.

Nous pouvons supposer que Banksy nous met en garde ou nous propose de voir un avenir plus ou moins dystopique. Où une danseuse sera marquée sur le visage comme un militaire, jetable comme un jouet. Mais qui devrait aussi respirer à travers des bouteilles d’oxygène et dansé parmi les barils gisant sur le sol.

Notons aussi que le mouvement capturé est une révérence, le dernier d’une danse et donc peut être une mise en parallèle avec la destruction de la nature.

Malgré cela, à ses pieds, nous pouvons distinguer une fleur difficile à identifier qui pourrait être le signe du reste de cette destruction, ou un signe d’espoir.

 

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L’oeil éclos #30

L’oeil éclos #30

    Phumzile Khanyile est une jeune femme photographe née en Afrique du Sud et travaillant à Johannesburg. Elle est diplômée du Market Photo Workshop et reçoit le 2015 Gisèle Wulfsohn Mentorship in Photography. Cette récompense lui permettra d’entreprendre un corpus d’images sous la supervision de la photographe Ayana V. Jackson. Ayana est une artiste qui puise dans des archives et qui s’en inspire pour observer quel impact a eu le regard colonial sur l’histoire de la photographie et sa relation au corps humain comme Phumzile Khanyile. Elle réalise des recherches sur les mythes de la diaspora noire et remet en scène des images d’archives coloniales dans le but de libérer le corps noir. Elle fait donc un lien parfait entre le thème de l’exposition Afrotopia et les sujets abordés par Phumzile Khanyile. En mai 2017, Phumzile Khanyile répond à un appel à candidature lui permettant de participer à la 11ème édition de l’exposition panafricaine Afrotopia. Cet appel à reçu 300 candidatures d’artistes, et seulement 40 propositions ont été retenues, dont celle de Phumzile Khanyile. Cette exposition portée par l’Institut Français est dédiée aux 54 États du continent africain. Son objectif est de présenter les points de vue de la société civile africaine du continent et de sa diaspora récente. C’est alors qu’elle réalise sa première exposition, et depuis cette jeune artiste a été largement présentée dans la presse comme dans The Financial Times, Aperture, The British Journal of Photography…

      En 2016, Phumzile Khanyile commence sa série d’autoportraits, Plastic Crowns. Celui-ci contient une narration forte, exprimée par un langage visuel qui l’est tout autant. Le travail de cette photographe explore les différents aspects de la vie des femmes à travers des évocations de ses propres expériences, brisant les tabous sociaux. En effet, son exploration explicite de la politique sexuelle par ses postures et ses tenues transmettent une volonté de révolte contre des stéréotypes encore trop présent aujourd’hui. Les clichés qu’elle met en avant concernent la place de la femme dans notre société.  Khanyile fait peu de différences entre sa vie privée et son métier. Par ailleurs, c’est dans l’appartement de sa grand-mère qu’elle réalise tous ses photographies. Seulement, elle aime réaliser ces images avec un certain esthétique. Effectivement, ce dernier est caractérisé par des ombres dures, des mises au point douces et des textures luxuriantes. Ces impressions sont données par le voile qu’elle place devant son objectif lors de ses prises de vue. En raison de ces nombreuses particularités, la photographe arrive à nous transmettre une émotion et un message puissant. Pour l’artiste ce tirage est une façon de comprendre par elle-même ce qu’est la féminité, au-delà des idées préconçues qu’elle a pu retenir de sa jeunesse.

     Maintenant intéressons-nous à ce que ces œuvres peuvent nous faire ressentir aux premiers abords. En effet, malgré la douceur que ces images arrivent à nous faire parvenir, elles sont plus dures qu’on ne les perçoit. Phumzile aime jouer avec les couleurs et les stéréotypes, avec l’aide de ballons de baudruches ou encore de sa perruque rouge, mais aussi des éléments de décors, des robes et une couronne, qui contient des pierres colorées. Elle joue avec des postures auxquels elle ajoute des accessoires qui caricaturent les stéréotypes à propos du corps de la femme.

   Dans certaines de ses œuvres qui appartiennent à la même série nous pouvons parfaitement observer les différentes envies de l’artiste. En effet, sur ces photographies nous observons trois éléments typiques de ses approches, que sont la posture choisie, les accessoires et les éléments de décors (ballons de baudruches, tête de lion, couronne, perruque rouge, nuisette, papier peint, chapeau), ou encore les jeux de couleurs. 

   Seulement, dans deux d’entre elles, ces ballons sont placés au niveau de sa poitrine ou de ses parties intimes, éléments de différenciation de sexes à la naissance, et qui, pour elle, lui permettent d’exprimer sa féminité.

 

Visuels : Phumzile Khanyile, Série « Plastic Crowns », 2016. Tirage photographique. Collection Francès

 

SOURCES :

https://www.afronova.com/artists/phumzile-khanyile-2/

https://www.fondationfrances.com/artistes/phumzile-khanyile/ 

https://arles-contemporain.com/plastic-crowns/

https://www.rencontres-arles.com/en/phumzile-khanyile

https://contemporaryand.com/fr/magazines/11th-edition-of-the-rencontres-de-bamako-announced-participating-artists/

https://contemporaryand.com/fr/exhibition/afrotopia/

https://contemporaryand.com/fr/institue/market-photo-workshop/

https://marketphotoworkshop.co.za/projects/mentorships-residencies/gisele-wulfsohn/

https://marianeibrahim.com/fr/artists/27-ayana-v.-jackson/biography/

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L’oeil éclos #29

L’oeil éclos #29

Osvaldo Gonzalez, Tautologia, 2017, adhesive tape, Plexiglas, led light, 65 x 55 cm ©Collection Francès – Galeria Continua

           Tout au long de l’année 2023, la Fondation d’entreprise Francès propose un cycle d’expositions, nommé « Hors d’œuvre ».

 Ce cycle permet de mettre en lumière une sélection d’œuvres issues de la collection Francès, « Hors d’œuvre » est une ouverture sur la collection. En effet, à chaque exposition un thème précis est abordé. Toutes les œuvres qui sont exposées pendant un même volet développent des notions et des réflexions communes. L’œuvre Tautologia d’Osvaldo Gonzalez, quant à elle, concerne le troisième présentation d’Hors d’œuvre. Le thème de celui-ci est d’explorer les espaces transitoires menacés par leur disparition. Cette exposition a mis en scène trois artistes : Osvaldo Gonzalez, Alejandro Campins et Loris Gréaud. Ce « Hors d’œuvre n°3» présente de multiples facettes puisque les techniques utilisées sont très variées, de la photographie à la peinture, en passant par la résine moulée ou encore du scotch sur plexiglass. Par exemple, Tautologia est une installation réalisée à l’aide de plexiglass et de scotch représentant un escalier et une fenêtre. Nous pouvons donc nous demander ce que l’artiste cherche à mettre en avant. Pour cela nous allons tout d’abord parler de son parcours et de l’œuvre, sans oublier la raison de sa présence dans « Hors d’œuvre n°3 ».

         Osvaldo Gonzalez est né en 1982 à Camagüey à Cuba. Il vit et travaille à La Havane. Après ses études à l’institut supérieur des Arts, Osvaldo pratiquait exclusivement la peinture à huile sur toiles. Seulement, un jour il eut la ferme conviction qu’il devait chercher une alternative plus accessible et familière et moins onéreuse : le scotch. Cette idée l’ayant immédiatement conquis il décide de réaliser ses œuvres avec du plexiglass et ce matériau peu habituel en tant que matière à créer. Néanmoins, il conserve sa technique historique, la peinture à l’huile. Malheureusement, les propriétés du scotch ne permettent pas de le conserver facilement, son usage est spécifique et habituellement lié à l’emballage d’une œuvre mais pas à la création de celle-ci. Le scotch doit être conservé dans un endroit sombre et sec, à l’abri de l’humidité et des UV, et à température ambiante. Toutes ces caractéristiques font qu’il est difficile de conserver une œuvre entièrement réalisée avec du scotch.

De plus, pour obtenir un jeu d’ombres et lumières, l’artiste a placé une ampoule derrière le panneau de plexiglass. Il a choisi une ampoule LED dont les propriétés permettent d’obtenir le minimum de source de chaleur.En tant qu’architecte d’intérieur, Osvaldo aime représenter des espaces intérieurs ou extérieurs. L’expérimentation de l’espace est un thème récurrent chez Osvaldo.

En 2011, à l’occasion d’une année sabbatique dédiée à sa production artistique, il décide de travailler avec un éclairagiste à Cuba. C’est à partir de ce moment-là qu’il commence ses recherches autour de la lumière et ses créations révèlent alors un important jeu d’ombres et de clairs-obscurs. Dans plusieurs de ses œuvres, Osvaldo représente des fenêtres, comme dans 2.Templo, 2021, Photo : Ela Bialkowska, OKNO Studio et 3.Habana Vieja, 2021, Photo : Ela Bialkowska, OKNO Studio

 

 

 

 

 

 

 

Le sujet de l’exposition « Hors d’œuvre n°3 » est d’explorer des espaces transitoires menacés par leur disparition. Dans toutes les œuvres choisies pour représenter ce thème, nous pouvons remarquer une architecture laissée à l’abandon ou alors pour l’œuvre de Loris Gréaud, le fossile d’une destruction programmée. Maintenant essayons d’analyser l’œuvre et de penser plutôt à notre ressenti face à cette fenêtre, cet escalier et cette lumière. Par exemple, j’aime le fait que cette installation ait deux visages. En effet, la perception de l’œuvre est différente selon qu’elle soit ou pas éclairée. Sans l’éclairage, on tente de percevoir quelque chose, mais en vain, sauf si la lumière du jour ou le soleil décident de déjouer cette obscurité et nous laissent entrevoir les différents éléments de cet espace. Cette fenêtre et cet escalier donne une envie de s’évader. La fenêtre et son puits de lumière nous donne envie de voir ce qu’il se passe au dehors, de sortir de ce lieu. Tandis que les escaliers peuvent nous donner une image assez triste par son vide immense. En effet, on ne voit aucun passage sur cet escalier ce qui nous donne l’image d’abandon, d’oubli, alors qu’il semble y avoir de la vie à l’extérieur étant donnée cette lumière vive. Elle anime l’installation par ses jeux d’ombres, offre des perspectives, une profondeur et un jeu visuel ludique et esthétique, grâce à l’emplacement de la source lumineuse, choisi stratégiquement par l’artiste.

  1. Osvaldo Gonzalez, Templo, 2021, 16 panels: adhesive tape, Plexiglas, led light, resine, 100 x 80 cm each. Overall dimensions: 409 x 329 cm. Photo: Ela Bialkowska, OKNO Studio ©Galeria Continua
  2. Osvaldo Gonzalez, Habana Vieja, 2021, adhesive tape, Plexiglas, led light, resine, 220 x 147 cm. Photo: Ela Bialkowska, OKNO Studio  ©Galeria Continua

SOURCES:

https://www.fondationfrances.com/fondation-frances/ff_uploads/2023/06/communique-de-presse-hors-doeuvre-n3.pdf

https://www.stirworld.com/see-features-cuban-artist-osvaldo-gonzalez-aguiar-presents-new-work-at-india-art-fair-2023

https://www.galleriacontinua.com/artists/osvaldo-gonzalez-100

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Retour sur l’exposition : « Le temps d’un souffle »

Retour sur l’exposition : « Le temps d’un souffle »

Du 4 février au 25 mars 2023 s’est tenue une étonnante exposition. Intitulée « Le temps d’un souffle », le couple d’artistes Cat Loray et Clément Borderie ont présenté leurs œuvres dans l’église Notre-Dame de l’Assomption de Valloire. Une grande bâtisse baroque du XVIIème siècle. La singularité des œuvres vient s’implanter presque se confondre dans les murs, dans la nef, dans les hauteurs de l’église. Un challenge stimulant pour les artistes qui ont dû s’approprier un endroit peu commun.

Cat Loray a pu installer son Virga comme une pluie statique sous la chaire à prêcher, ou encore ses cloches suspendues qui viennent retracer la voûte centrale. Nous y retrouvons d’autres de ses sculptures, parfois discrètes comme un jeu de piste ou parfois déroutantes comme l’étonnante suspension dans le confessionnal. De son côté Clément Borderie vient investir les murs d’une nature imprégnée dans la toile, avec sa « Cuve » circulaire comme une lune immobile, ou encore sa série « Sinusoïde » qui tout le long de ce mur invite à la contemplation. Également, nous retrouvons une de ses pierre de sel, posée religieusement sur l’autel, venant honorer le rapport de l’art à l’artisanat, un geste fort.

Cette exposition s’est avérée ludique et intrigante, proposant  aux visiteurs une expérience artistique nouvelle par la confrontation de plusieurs mondes.

 

Retour sur les artistes :

Cat Loray :  Née en 1962 à Nice, Cat Loray vit et travaille à Paris. Elle est diplômée des Beaux-arts de Marseille et des Arts décoratifs de Nice.

Sa pratique artistique repose sur l’observation du monde qui nous entoure. Intimement liées aux mondes sensible et organique, ses réalisations touchent autant à la sculpture qu’à l’installation, au dessin qu’à la peinture, et invitent celui qui en fait l’expérience à une immersion presque sensorielle. L’artiste considère ces moyens d’expression artistique de manière indissociable, dans une logique d’effacement des frontières.

Elle retranscrit des sensations et des perceptions dans une volonté de transmission de l’essentiel. Ses formes plastiques à la jonction entre pureté et minimalisme, planéité et profondeur, accordent à l’espace un rôle primordial. La mise en place de ses œuvres dans l’espace d’exposition constitue un moment charnière de son processus artistique, qui vient insuffler une impulsion vitale à ses pièces.

 

Clément Borderie : né en 1960 à Senlis (France). Il est diplômé des Manufactures Nationales des Gobelins National Paris en 1983. Il vit et travaille à Paris et il est aujourd’hui représenté par la galerie Jousse Entreprise.

À la croisée de la sculpture et de la peinture, les installations de Clément Borderie explorent les  « échanges entre une forme et son environnement à travers le temps. » Cultivant une mise à distance, l’artiste met en place des dispositifs voués à capturer l’essence d’un lieu et à en traduire « l’identité spatio-temporelle ». Dans la nature, en milieu urbain ou industriel, il installe des « matrices », des structures métalliques de formes et de tailles variées, sur lesquelles il tend des toiles, des « pièges » captant les « matières sensibles » et phénomènes naturels. S’en suit une période de gestation, pendant laquelle la toile est progressivement recouverte de couches successives de microparticules donnant, à terme, corps au temps. Régie par le principe du « laisser-faire », le dispositif mis en place par Borderie rend visible l’invisible. Il en résulte des œuvres brouillant les frontières entre objet et sujet, des tableaux empreints de « l’écriture mystérieuse de la nature » (Valérie Gautier).

Son travail a été présenté à la Galerie Dumonteil, Shanghai, Chine; Gallerie Alberto Aquilino à New York; Musée Kiscelli à Budapest; Galerie Valérie Bach à Bruxelles; Musée de l’arbre Enea à Zurich; Centre d’Art La Base à Levallois-Perret, France; Château du Rivau en Touraine et Maison des Arts de Bagneux etc.

 

 

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Retour sur les visites de « La vie est un entre-deux » à la Fondation Francès

Retour sur les visites de « La vie est un entre-deux » à la Fondation Francès

Au printemps dernier, La Fabrique de l’Esprit accompagnait 3 groupes de scolaires à la Fondation Francès au sein de l’exposition « La vie est un entre-deux », consacrée alors aux œuvres de Cat Loray et Clément Borderie. Un groupe de moyenne section, un de grande section et enfin une classe de Terminale avaient eu l’opportunité de découvrir leurs travaux.

Entourés des installations de Cat Loray et des toiles modelées par la nature de Clément Borderie, les élèves étaient invités à plonger au cœur du vivant capté et célébré par les artistes exposés.

Pour les plus petits, l’accent était mis sur l’interaction directe avec les œuvres. Invités à y reconnaître des formes, des couleurs, ils pouvaient se réapproprier librement les travaux face à eux. Le Ruban miroir de Cat Loray a constitué une véritable source de fascination et d’amusement, notamment ses reflets déformants provoquant de nombreux éclats de rire ! L’œuvre a sans doute procurer beaucoup de joie aux enfants qui ont su parfaitement s’approprier ce jardin dérangé.

La visite de classe de Terminale s’orientait davantage sur la technique et théorie des artistes exposés. L’artiste Clément Borderie accompagnait le groupe, présentant et détaillant sa pratique aux élèves présents. Plusieurs thèmes ont comme la bio-inspiration, la collaboration artistique ou encore la temporalité de l’oeuvre ont été abordés, proposant des pistes de réflexion aux visiteurs.

 

Ces visites visaient avant tout à sensibiliser les élèves aux pratiques singulières d’artistes intimement reliés à la ville de Senlis. André Borderie artiste ayant vécu et travaillé à Senlis est le père de Clément Borderie et a initié Cat Loray à la sculpture en céramique.

Que ce soit avec les classes de maternelle ou le groupe de Terminale, les visites à la Fondation ont été source d’échanges et de partage, de découverte et de surprise, qui nous l’espérons auront marqué l’esprit de ces jeunes visiteurs.

 

Découvrez les archives de l’exposition-vente « La Vie est un Entre-Deux : Cat Loray et Clément Borderie » ici.

 

 

 

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L’œil éclos #28

L’œil éclos #28

Jean-Michel Alberola, Rien (jaune), 2013, éd. ½, néon jaune dans boîte en plexiglas, 25 x 35 x 8cm. Collection Francès.

 

Nina Grosso, en stage à la Fondation Francès, nous offre son regard sur une œuvre de la collection Francès.

 

Circulez, il n’y a rien à voir. Enfin, si, techniquement. Ou pas, je n’en sais rien.
C’est bien sur cette réflexion que Jean-Michel Alberola tend à nous emmener. 

Il nous présente ici un crâne formé par un arc qui se termine par “rien”. Qui prime ici, la figuration ? Le mot ? Ou peut-être rien de tout ça, ou tout à la fois.

Là se posent de nouvelles interrogations sur l’idée de représentation dans l’art, notamment à travers la fameuse problématique “comment les artistes peuvent-ils évoquer quelque chose, un sujet, une idée, sans le montrer ?”. Sauf qu’ici, la question prend une autre tournure : qu’est-ce que l’on choisit de montrer lorsque l’on montre Rien ?

Nous nous présentons devant le haut d’un crâne dont l’arc ne prend qu’une partie de l’œuvre, ponctué par ce mot, dont la plume révèle une écriture rapide, presque naïve. S’agit-il d’une injonction de la part de l’artiste ? Doit-on en faire une affaire personnelle ? N’a-t-on rien dans le crâne, nous non plus ?

Si ce n’était que ça… L’artiste ne nous montre peut-être rien (en apparence, et là encore rien n’est moins sûr…), mais nous le présente d’une manière qui saute aux yeux, un rien qui nous saisit, et pour cela, il utilise des néons.

La sculpture devient alors une quasi-publicité, un billboard scintillant à la gloire du rien. De plus, elle est enfermée dans un cadre de verre, intouchable, comme pour sacraliser une ôde dont le sens nous échappe.

De par son format, l’œuvre fait écho à un tableau. S’agit-il alors presque d’une peinture, médium très utilisé par l’artiste ? 

À la fois peintre, sculpteur et cinéaste, Jean-Michel Alberola interroge la beauté, ses fragilités comme ses forces, mais encore et surtout sa subjectivité. Son œuvre se veut énigmatique, bousculant notre rapport habituel à l’art en proposant une approche originale, teintée d’humour, de dérision et de poésie.
L’artiste engagé mêle également ses réflexions artistiques à des questionnements politiques et sociaux, libre au spectateur d’en faire ses propres interprétations…

Tout ce cheminement de pensée pose de réelles questions sur le sens de l’œuvre, des matériaux choisis et de sa représentation. Elles méritent des réponses, mais au fond, ça, nous n’en savons trop rien. 

 

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Retour sur les missions et les valeurs de la Fabrique de l’Esprit®

Retour sur les missions et les valeurs de la Fabrique de l’Esprit®

Depuis 2013, la Fabrique de l’Esprit s’engage pour l’éducation artistique et culturelle. À la suite de la crise sanitaire et l’interruption forcée de ses actions pédagogiques en présentiel, elle renouvelle sa programmation culturelle et ses projets éducatifs, une occasion de revenir sur les missions et les actions qu’elle mènent.

Les missions de la Fabrique de l’Esprit ®

La Fabrique de l’Esprit est vouée à sensibiliser le public à l’histoire de l’art et aux arts plastiques et aspire à démocratiser l’accès à la culture pour tous. Née en 2013 pour la médiation de la Fondation Francès, la Fabrique de l’Esprit développe des contenus scientifiques et programmes éducatifs artistiques, à l’appui d’œuvres contemporaines, en particulier des œuvres de la collection Francès. S’adressant aussi bien aux adultes qu’au jeune public, ces contenus permettent de décrypter les courants, de suivre les influences et l’évolution des techniques et de s’initier plus généralement à l’art à travers stages et activités. Agréée par l’Éducation Nationale, La Fabrique de l’Esprit crée également des projets sur mesure avec les établissements scolaires définis en fonction de leurs besoins spécifiques et des dispositifs territoriaux (CDDC, PEP’S, CLEA etc.)

« Club pour l’UNESCO »

En 2017, elle reçoit l’accréditation « club pour l’UNESCO ». Mouvement populaire, les associations et clubs de l’UNESCO ont pour objectif principal de promouvoir la compréhension et le soutien des missions et valeurs de l’UNESCO. Fondée en 1945, l’Organisation des Nations Unis pour l’éducation, la science et la culture cherche à construire la paix grâce à la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des sciences, de la culture, de la communication et de l’information. Cela se traduit par le développement d’outils éducatifs, de programmes culturels et scientifiques renforçant les liens entre les sociétés. Les missions de la Fabrique de l’Esprit répondent directement à ces enjeux tant sur le plan de l’éducation et le partage des connaissances que sur les échanges internationaux.

Du projet « Art et Paix » au module « Classe de Paix »

 «(…) les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. »

Préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO.

En 2018, la Fabrique de l’Esprit initie un projet Art et Paix, poursuivant la principale mission de l’UNESCO : la construction d’une culture de la paix fondée sur « la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité ». À partir des œuvres de la collection Francès, elle entendait provoquer de nouveaux dialogues et échanges interdisciplinaires autour de la notion de paix, entre les différents clubs de l’UNESCO. Consciente de l’importance de ces échanges, elle souhaite prolonger son action par le biais de la Classe de Paix, un module destiné aux établissements scolaires. Prenant appui sur la collection Francès, ce module est voué à définir la notion de paix dans notre société, à travers l’apprentissage, l’éducation des plus jeunes. Avec l’art comme outil de décryptage, il propose d’interroger une notion complexe, de questionner des cultures et des coutumes pour mieux les comprendre et les assimiler. Loin d’établir des vérités générales, il s’agit de semer les graines d’une réflexion et de les laisser germer dans l’esprit des jeunes générations. Les Classes de Paix ont pour objet de définir la paix, de reconnaître l’altérité et de construire la paix. Dédiées aux classes qui accueillent les enfants ukrainiens, elles s’adressent à l’ensemble de la communauté pour faciliter l’accueil et l’éducation en toute simplicité.

Découvrez le programme de La Fabrique de L’esprit ici et suivez notre actualité sur notre site Internet et sur Instagram.

Pour toute information et précision contactez-nous par mail à litote@lafabriquedelesprit.fr

 

Focus sur Sergey Kononov, Meow, 2020. Huile sur toile ; 46 x 38 cm. ©Collection Francès

Jeune artiste ukrainien vivant et travaillant à Paris, Sergey Kononov illustre le renouveau de la peinture contemporaine à travers une pratique singulière de peinture à l’huile. Ses portraits sont animés d’une véhémence, d’une frénésie brouillant la perception du sujet représenté. Ils dépeignent sans concession l’âge charnière du jeune adulte, moment de passage et de transition parfois difficile à vivre.

« Meow » peint d’après une photographie de Dima Tolkachov, met en scène une jeune femme dans une posture féline. Par le biais du cadrage serré, nous entrons dans l’intimité d’un moment saisissant révélant la fougue d’une jeunesse décomplexée. Ses traits transfigurés par une forme de violence innervée traduisent l’angoisse et le désarroi d’une jeune génération.

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L’oeil éclos #27

L’oeil éclos #27

Nicholas Harper – Alone

 

Un cadre couleur bronze usé par le temps. A première vue, il aurait pu contenir le portrait d’un membre d’une riche famille, arborant les dorures et blasons qui lui iront. Cependant, il en est tout autre. Tout est sombre, un noir profond domine l’ensemble, une pâle  figure semble émerger des ténèbres, de profil et à peine esquissée. Ce personnage nous donne une impression étrange car il n’a pas de regard, comme deux orbites vides qui semblent absorber la lumière. Elle possède un long cou comme un bras articulable, soutenu par col blanc, seul élément clair de l’ensemble. Enfin, une unique mèche fait office de chevelure, ressemblant à une pâte d’araignée. Ce personnage anonyme semble tout droit sorti d’un bestiaire, membre d’une famille de monstre disparue immortalisé sur toile. Cependant, cette figure ne créée pas forcément la peur, au contraire elle appelle à une sorte de contemplation méditative, comme une fascination qui s’opère. En effet, le personnage ne montre aucune hostilité, nous ne sommes pas face à un « monstre » menaçant.

Cette œuvre intitulée « Alone » est la création de l’artiste américain Nicholas Harper. Il traître ses personnages de manière souvent difformes, bien régulièrement dans des décors et univers encrés de magie. Son univers reflète des codes et croyances dogmatiques s’inspirant notamment d’une iconographie russe et byzantine. Cependant face à ce qui ressemble à une mythologie fantastique, Nicholas Harper souhaite mettre en avant les gens ordinaires, devenant ainsi des icones contemporaines.  Il représente ces personnes de tousles jours sous un aspect royal ou divin. Au travers de ces distorsions physiques, il souhaite faire transparaître l’aspect psychologique complexe de notre époque. Un élément fondamental est le regard, qu’il soit vide ou pensant, il est le véritable reflet de l’âme. Il travaille en conséquence d’avantage une psychologie qu’un physique. Une beauté complexe et pleine de rêves et de fantaisies. Même si l’atmosphère générale est sombre et fantomatique, il ne s’en dégage pas moins une certaine plénitude, une sensation de douceur qui invite à la contemplation.

Fondateur de la galerie Rogue Buddha à Minneapolis, l’artiste s’entoure d’œuvres au demeurant mystiques et étranges mais fascinantes et belles. Un univers riche et qui invite à un voyage dans l’esprit. Une drôle de fantaisie dans laquelle chacun peut se reconnaître.

 

Visuel : Nicholas Harper, Alone, 49 x 40cm, huile sur toile, pièce unique © collection Francès

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Vendredi Lecture – Nobuyoshi Araki – Bondage.

Vendredi Lecture – Nobuyoshi Araki – Bondage.

Entre les cordes et les nœuds, on y voit de jeunes femmes. Prenant la pose dans des styles plus ou moins acrobatiques, souvent explicite mais parfois timide. Cette caisse en bois abrite une forme d’intimité, enregistrée par le très grand photographe japonais Nobuyoshi Araki.

Encré dans le quotidien, l’intime et l’érotisme, son travail n’en demeure pas moins transgressif. Montrant frontalement la nudité et jouant avec les fétichismes, il n’hésite à prendre certains clichés dans des espaces publiques. Cependant son œuvre définit et reflète la culture japonaise, bien souvent bâti autour d’une imagerie rappelant les traditions de son pays via le port du kimono par exemple, il s’attarde sur une pratique traditionnelle : celle du Kinbaku, également connu sous le nom de bondage. Même si souvent considéré comme tabou, il s’agit d’un art (souvent sexuel) bien présent au Japon, consistant à entraver une personne à l’aide d’une corde en traçant des formes géométriques. Araki s’impose en conséquence comme le symbole d’une contre-culture japonaise, photographiant des prostitués et collaborant avec des clubs subversifs.

Cette boîte qui fait l’objet de ce vendredi lecture, s’avère être une édition collector rassemblant les photos de bondage préférées de Araki, environ 600, réparties sur trois livrets cousus à la main et signé par l’artiste en personne. Travaillant sur l’atmosphère de ses photographies, l’érotisme ressort par un bleu qui semble timide mais bien présent. L’univers nous rappelle le film l’Empire des Sens (1976) de Nagisa Ōshima, là où l’amour collabore avec un érotisme qui peut sembler déviant, quasiment macabre. Osant lui aussi échapper à la censure des organes génitaux comme il en est coutume au Japon. Certaines photos peuvent laisser apparaître un jouer en plastique, représentant des dinosaures ou d’autres animaux, ils sont le symbole de l’appareil reproducteur masculin, des animaux arborant de longues queues à l’image du serpent. La masculinité n’étant que suggérée, cela laisse toute la place à la représentation féminine, une volonté à contre courant dans l’univers qu’il représente, là où la femme devait se faire discrète.

Via l’édition de ce coffret en bois réalisé selon la tradition japonaise, Araki nous montre tout l’étendu de son talent via une sélection soignée et évoquant une thématique très forte pour lui. Osant mêler transgression et tradition, il est le représentant d’une subversion nationale, sortant des chemins habituels nous montrant l’érotisme, la vie et la déviance de ce qui l’entoure. Une fine route reliant la pornographie et l’art, dans une maîtrise incroyable de son environnement. Nobuyoshi Araki au travers de sa carrière extrêmement prolifique aura su nourrir notre imagination et nous montrer l’extase et parfois la tristesse d’une vie riche qu’est la sienne et celle de sa culture.

 

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L’oeil éclos #26

L’oeil éclos #26

Michael Matthys – Je suis un ange aussi, dans la vie alors…

 

Nous voilà convié à une fête d’anniversaire. Dans l’obscurité d’un salon, cinq enfants sont avec nous. Dehors, on peut imaginer un temps pluvieux, le soir commence à tomber au cœur d’une ville morne. Les bus et voitures font vibrer les murs et illuminent brièvement les intérieurs. Le garçon au centre est assis, son gâteau face à lui. Il le contemple l’air perdu, l’expression triste ne reflète en rien un événement festif. Son teint sombre le ferait presque disparaître parmi les murs, comme un meuble oublié, présent depuis des années et trainant les malheurs de la bâtisse. Les conviés l’encerclent, l’enferment presque, le sentiment d’oppression prend le dessus sans la moindre impression d’amitié. Leurs visages cadavériques pèsent sur l’hôte, seulement unis par ce chapeau qui rappelle la raison de leur présence.

L’œuvre est perturbante, encrée d’un onirisme lugubre de nos nuits les plus fiévreuses. Le reflet d’une enfance noire et triste, tout évoque le souvenir par l’absence de détail et le ressenti avant le réalisme. L’ensemble paraît transpiré de nervosité, à l’image des coups de crayon frénétiques. L’univers de l’enfance disparaît totalement, laissant place à une réalité brute et sans concession.  Une réalité où les enfants aussi peuvent souffrir.

Dessiné sous la main de l’artiste belge Michael Matthys, sous le nom de Je suis un ange aussi, dans la vie alors… Il s’agit d’une œuvre qui s’inscrit dans un projet plus vaste. En effet, l’artiste est à la frontière entre art contemporain et bande dessinée, donnant ainsi au 9e art une forme atypique, expérimental et poétique. En 2009 sort sa troisième bande dessiné Je suis un ange aussi, abordant la thématique de la « fête d’enfants ». Avec son œil sombre et tranchant, Michael Matthys s’éloigne des codes narratifs traditionnels, ce qui lui a permis de voir ses planches exposées dans d’importants lieux d’art. Il utilise régulièrement le sang comme matière de composition afin de traiter de la mort et de la vie, des sujets qu’il a exploité à de nombreuses reprises.

Néanmoins, ses œuvres sont d’importants reflets de son passé. Ayant grandit à Charleroi en Belgique, ce lieu est pour lui une grande source d’inspiration de par son ambiance générale. Un univers urbain chaotique, une ville anciennement minière et industrielle. Une ville pauvre et noire à l’image du charbon de Charleroi qui semble se propager sur son œuvre. Enfant, depuis sa fenêtre il voyait les colonnes de fumée des usines se propageant dans le ciel, éclipsant les nuages, un haut terril lui faisait office de jardin. Les rues étaient vides, la ville ne faisait que survivre. Toutes ces images mentales ont nourri son travail, des représentations urbaines entre les cendres et le sang.

Cette œuvre Je suis un ange aussi, dans la vie alors… est une belle illustration de son univers, comme une photo souvenir de son enfance à Charleroi. Des images fortes, quasiment fantomatiques posées sur le papier avec du fusain, de la graphite, du crayon ou du sang. Une plongée ténébreuse et marquante.

 

 

Visuel : Je suis un ange aussi, dans la vie alors… , Michael Matthys, 2009, Graphite et papier cartonné, 77,5cm x 71cm © Collection Fondation Francès

 

 

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