Actualités

L’œil éclos #28

L’œil éclos #28

Jean-Michel Alberola, Rien (jaune), 2013, éd. ½, néon jaune dans boîte en plexiglas, 25 x 35 x 8cm. Collection Francès.

 

Nina Grosso, en stage à la Fondation Francès, nous offre son regard sur une œuvre de la collection Francès.

 

Circulez, il n’y a rien à voir. Enfin, si, techniquement. Ou pas, je n’en sais rien.
C’est bien sur cette réflexion que Jean-Michel Alberola tend à nous emmener. 

Il nous présente ici un crâne formé par un arc qui se termine par “rien”. Qui prime ici, la figuration ? Le mot ? Ou peut-être rien de tout ça, ou tout à la fois.

Là se posent de nouvelles interrogations sur l’idée de représentation dans l’art, notamment à travers la fameuse problématique “comment les artistes peuvent-ils évoquer quelque chose, un sujet, une idée, sans le montrer ?”. Sauf qu’ici, la question prend une autre tournure : qu’est-ce que l’on choisit de montrer lorsque l’on montre Rien ?

Nous nous présentons devant le haut d’un crâne dont l’arc ne prend qu’une partie de l’œuvre, ponctué par ce mot, dont la plume révèle une écriture rapide, presque naïve. S’agit-il d’une injonction de la part de l’artiste ? Doit-on en faire une affaire personnelle ? N’a-t-on rien dans le crâne, nous non plus ?

Si ce n’était que ça… L’artiste ne nous montre peut-être rien (en apparence, et là encore rien n’est moins sûr…), mais nous le présente d’une manière qui saute aux yeux, un rien qui nous saisit, et pour cela, il utilise des néons.

La sculpture devient alors une quasi-publicité, un billboard scintillant à la gloire du rien. De plus, elle est enfermée dans un cadre de verre, intouchable, comme pour sacraliser une ôde dont le sens nous échappe.

De par son format, l’œuvre fait écho à un tableau. S’agit-il alors presque d’une peinture, médium très utilisé par l’artiste ? 

À la fois peintre, sculpteur et cinéaste, Jean-Michel Alberola interroge la beauté, ses fragilités comme ses forces, mais encore et surtout sa subjectivité. Son œuvre se veut énigmatique, bousculant notre rapport habituel à l’art en proposant une approche originale, teintée d’humour, de dérision et de poésie.
L’artiste engagé mêle également ses réflexions artistiques à des questionnements politiques et sociaux, libre au spectateur d’en faire ses propres interprétations…

Tout ce cheminement de pensée pose de réelles questions sur le sens de l’œuvre, des matériaux choisis et de sa représentation. Elles méritent des réponses, mais au fond, ça, nous n’en savons trop rien. 

 

Publié par dans Actualités
Retour sur les missions et les valeurs de la Fabrique de l’Esprit®

Retour sur les missions et les valeurs de la Fabrique de l’Esprit®

Depuis 2013, la Fabrique de l’Esprit s’engage pour l’éducation artistique et culturelle. À la suite de la crise sanitaire et l’interruption forcée de ses actions pédagogiques en présentiel, elle renouvelle sa programmation culturelle et ses projets éducatifs, une occasion de revenir sur les missions et les actions qu’elle mènent.

Les missions de la Fabrique de l’Esprit ®

La Fabrique de l’Esprit est vouée à sensibiliser le public à l’histoire de l’art et aux arts plastiques et aspire à démocratiser l’accès à la culture pour tous. Née en 2013 pour la médiation de la Fondation Francès, la Fabrique de l’Esprit développe des contenus scientifiques et programmes éducatifs artistiques, à l’appui d’œuvres contemporaines, en particulier des œuvres de la collection Francès. S’adressant aussi bien aux adultes qu’au jeune public, ces contenus permettent de décrypter les courants, de suivre les influences et l’évolution des techniques et de s’initier plus généralement à l’art à travers stages et activités. Agréée par l’Éducation Nationale, La Fabrique de l’Esprit crée également des projets sur mesure avec les établissements scolaires définis en fonction de leurs besoins spécifiques et des dispositifs territoriaux (CDDC, PEP’S, CLEA etc.)

« Club pour l’UNESCO »

En 2017, elle reçoit l’accréditation « club pour l’UNESCO ». Mouvement populaire, les associations et clubs de l’UNESCO ont pour objectif principal de promouvoir la compréhension et le soutien des missions et valeurs de l’UNESCO. Fondée en 1945, l’Organisation des Nations Unis pour l’éducation, la science et la culture cherche à construire la paix grâce à la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des sciences, de la culture, de la communication et de l’information. Cela se traduit par le développement d’outils éducatifs, de programmes culturels et scientifiques renforçant les liens entre les sociétés. Les missions de la Fabrique de l’Esprit répondent directement à ces enjeux tant sur le plan de l’éducation et le partage des connaissances que sur les échanges internationaux.

Du projet « Art et Paix » au module « Classe de Paix »

 «(…) les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. »

Préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO.

En 2018, la Fabrique de l’Esprit initie un projet Art et Paix, poursuivant la principale mission de l’UNESCO : la construction d’une culture de la paix fondée sur « la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité ». À partir des œuvres de la collection Francès, elle entendait provoquer de nouveaux dialogues et échanges interdisciplinaires autour de la notion de paix, entre les différents clubs de l’UNESCO. Consciente de l’importance de ces échanges, elle souhaite prolonger son action par le biais de la Classe de Paix, un module destiné aux établissements scolaires. Prenant appui sur la collection Francès, ce module est voué à définir la notion de paix dans notre société, à travers l’apprentissage, l’éducation des plus jeunes. Avec l’art comme outil de décryptage, il propose d’interroger une notion complexe, de questionner des cultures et des coutumes pour mieux les comprendre et les assimiler. Loin d’établir des vérités générales, il s’agit de semer les graines d’une réflexion et de les laisser germer dans l’esprit des jeunes générations. Les Classes de Paix ont pour objet de définir la paix, de reconnaître l’altérité et de construire la paix. Dédiées aux classes qui accueillent les enfants ukrainiens, elles s’adressent à l’ensemble de la communauté pour faciliter l’accueil et l’éducation en toute simplicité.

Découvrez le programme de La Fabrique de L’esprit ici et suivez notre actualité sur notre site Internet et sur Instagram.

Pour toute information et précision contactez-nous par mail à litote@lafabriquedelesprit.fr

 

Focus sur Sergey Kononov, Meow, 2020. Huile sur toile ; 46 x 38 cm. ©Collection Francès

Jeune artiste ukrainien vivant et travaillant à Paris, Sergey Kononov illustre le renouveau de la peinture contemporaine à travers une pratique singulière de peinture à l’huile. Ses portraits sont animés d’une véhémence, d’une frénésie brouillant la perception du sujet représenté. Ils dépeignent sans concession l’âge charnière du jeune adulte, moment de passage et de transition parfois difficile à vivre.

« Meow » peint d’après une photographie de Dima Tolkachov, met en scène une jeune femme dans une posture féline. Par le biais du cadrage serré, nous entrons dans l’intimité d’un moment saisissant révélant la fougue d’une jeunesse décomplexée. Ses traits transfigurés par une forme de violence innervée traduisent l’angoisse et le désarroi d’une jeune génération.

Publié par dans Actualités
L’oeil éclos #27

L’oeil éclos #27

Nicholas Harper – Alone

 

Un cadre couleur bronze usé par le temps. A première vue, il aurait pu contenir le portrait d’un membre d’une riche famille, arborant les dorures et blasons qui lui iront. Cependant, il en est tout autre. Tout est sombre, un noir profond domine l’ensemble, une pâle  figure semble émerger des ténèbres, de profil et à peine esquissée. Ce personnage nous donne une impression étrange car il n’a pas de regard, comme deux orbites vides qui semblent absorber la lumière. Elle possède un long cou comme un bras articulable, soutenu par col blanc, seul élément clair de l’ensemble. Enfin, une unique mèche fait office de chevelure, ressemblant à une pâte d’araignée. Ce personnage anonyme semble tout droit sorti d’un bestiaire, membre d’une famille de monstre disparue immortalisé sur toile. Cependant, cette figure ne créée pas forcément la peur, au contraire elle appelle à une sorte de contemplation méditative, comme une fascination qui s’opère. En effet, le personnage ne montre aucune hostilité, nous ne sommes pas face à un « monstre » menaçant.

Cette œuvre intitulée « Alone » est la création de l’artiste américain Nicholas Harper. Il traître ses personnages de manière souvent difformes, bien régulièrement dans des décors et univers encrés de magie. Son univers reflète des codes et croyances dogmatiques s’inspirant notamment d’une iconographie russe et byzantine. Cependant face à ce qui ressemble à une mythologie fantastique, Nicholas Harper souhaite mettre en avant les gens ordinaires, devenant ainsi des icones contemporaines.  Il représente ces personnes de tousles jours sous un aspect royal ou divin. Au travers de ces distorsions physiques, il souhaite faire transparaître l’aspect psychologique complexe de notre époque. Un élément fondamental est le regard, qu’il soit vide ou pensant, il est le véritable reflet de l’âme. Il travaille en conséquence d’avantage une psychologie qu’un physique. Une beauté complexe et pleine de rêves et de fantaisies. Même si l’atmosphère générale est sombre et fantomatique, il ne s’en dégage pas moins une certaine plénitude, une sensation de douceur qui invite à la contemplation.

Fondateur de la galerie Rogue Buddha à Minneapolis, l’artiste s’entoure d’œuvres au demeurant mystiques et étranges mais fascinantes et belles. Un univers riche et qui invite à un voyage dans l’esprit. Une drôle de fantaisie dans laquelle chacun peut se reconnaître.

 

Visuel : Nicholas Harper, Alone, 49 x 40cm, huile sur toile, pièce unique © collection Francès

Publié par dans Actualités
Vendredi Lecture – Nobuyoshi Araki – Bondage.

Vendredi Lecture – Nobuyoshi Araki – Bondage.

Entre les cordes et les nœuds, on y voit de jeunes femmes. Prenant la pose dans des styles plus ou moins acrobatiques, souvent explicite mais parfois timide. Cette caisse en bois abrite une forme d’intimité, enregistrée par le très grand photographe japonais Nobuyoshi Araki.

Encré dans le quotidien, l’intime et l’érotisme, son travail n’en demeure pas moins transgressif. Montrant frontalement la nudité et jouant avec les fétichismes, il n’hésite à prendre certains clichés dans des espaces publiques. Cependant son œuvre définit et reflète la culture japonaise, bien souvent bâti autour d’une imagerie rappelant les traditions de son pays via le port du kimono par exemple, il s’attarde sur une pratique traditionnelle : celle du Kinbaku, également connu sous le nom de bondage. Même si souvent considéré comme tabou, il s’agit d’un art (souvent sexuel) bien présent au Japon, consistant à entraver une personne à l’aide d’une corde en traçant des formes géométriques. Araki s’impose en conséquence comme le symbole d’une contre-culture japonaise, photographiant des prostitués et collaborant avec des clubs subversifs.

Cette boîte qui fait l’objet de ce vendredi lecture, s’avère être une édition collector rassemblant les photos de bondage préférées de Araki, environ 600, réparties sur trois livrets cousus à la main et signé par l’artiste en personne. Travaillant sur l’atmosphère de ses photographies, l’érotisme ressort par un bleu qui semble timide mais bien présent. L’univers nous rappelle le film l’Empire des Sens (1976) de Nagisa Ōshima, là où l’amour collabore avec un érotisme qui peut sembler déviant, quasiment macabre. Osant lui aussi échapper à la censure des organes génitaux comme il en est coutume au Japon. Certaines photos peuvent laisser apparaître un jouer en plastique, représentant des dinosaures ou d’autres animaux, ils sont le symbole de l’appareil reproducteur masculin, des animaux arborant de longues queues à l’image du serpent. La masculinité n’étant que suggérée, cela laisse toute la place à la représentation féminine, une volonté à contre courant dans l’univers qu’il représente, là où la femme devait se faire discrète.

Via l’édition de ce coffret en bois réalisé selon la tradition japonaise, Araki nous montre tout l’étendu de son talent via une sélection soignée et évoquant une thématique très forte pour lui. Osant mêler transgression et tradition, il est le représentant d’une subversion nationale, sortant des chemins habituels nous montrant l’érotisme, la vie et la déviance de ce qui l’entoure. Une fine route reliant la pornographie et l’art, dans une maîtrise incroyable de son environnement. Nobuyoshi Araki au travers de sa carrière extrêmement prolifique aura su nourrir notre imagination et nous montrer l’extase et parfois la tristesse d’une vie riche qu’est la sienne et celle de sa culture.

 

Publié par dans Actualités, Centre de documentation
L’oeil éclos #26

L’oeil éclos #26

Michael Matthys – Je suis un ange aussi, dans la vie alors…

 

Nous voilà convié à une fête d’anniversaire. Dans l’obscurité d’un salon, cinq enfants sont avec nous. Dehors, on peut imaginer un temps pluvieux, le soir commence à tomber au cœur d’une ville morne. Les bus et voitures font vibrer les murs et illuminent brièvement les intérieurs. Le garçon au centre est assis, son gâteau face à lui. Il le contemple l’air perdu, l’expression triste ne reflète en rien un événement festif. Son teint sombre le ferait presque disparaître parmi les murs, comme un meuble oublié, présent depuis des années et trainant les malheurs de la bâtisse. Les conviés l’encerclent, l’enferment presque, le sentiment d’oppression prend le dessus sans la moindre impression d’amitié. Leurs visages cadavériques pèsent sur l’hôte, seulement unis par ce chapeau qui rappelle la raison de leur présence.

L’œuvre est perturbante, encrée d’un onirisme lugubre de nos nuits les plus fiévreuses. Le reflet d’une enfance noire et triste, tout évoque le souvenir par l’absence de détail et le ressenti avant le réalisme. L’ensemble paraît transpiré de nervosité, à l’image des coups de crayon frénétiques. L’univers de l’enfance disparaît totalement, laissant place à une réalité brute et sans concession.  Une réalité où les enfants aussi peuvent souffrir.

Dessiné sous la main de l’artiste belge Michael Matthys, sous le nom de Je suis un ange aussi, dans la vie alors… Il s’agit d’une œuvre qui s’inscrit dans un projet plus vaste. En effet, l’artiste est à la frontière entre art contemporain et bande dessinée, donnant ainsi au 9e art une forme atypique, expérimental et poétique. En 2009 sort sa troisième bande dessiné Je suis un ange aussi, abordant la thématique de la « fête d’enfants ». Avec son œil sombre et tranchant, Michael Matthys s’éloigne des codes narratifs traditionnels, ce qui lui a permis de voir ses planches exposées dans d’importants lieux d’art. Il utilise régulièrement le sang comme matière de composition afin de traiter de la mort et de la vie, des sujets qu’il a exploité à de nombreuses reprises.

Néanmoins, ses œuvres sont d’importants reflets de son passé. Ayant grandit à Charleroi en Belgique, ce lieu est pour lui une grande source d’inspiration de par son ambiance générale. Un univers urbain chaotique, une ville anciennement minière et industrielle. Une ville pauvre et noire à l’image du charbon de Charleroi qui semble se propager sur son œuvre. Enfant, depuis sa fenêtre il voyait les colonnes de fumée des usines se propageant dans le ciel, éclipsant les nuages, un haut terril lui faisait office de jardin. Les rues étaient vides, la ville ne faisait que survivre. Toutes ces images mentales ont nourri son travail, des représentations urbaines entre les cendres et le sang.

Cette œuvre Je suis un ange aussi, dans la vie alors… est une belle illustration de son univers, comme une photo souvenir de son enfance à Charleroi. Des images fortes, quasiment fantomatiques posées sur le papier avec du fusain, de la graphite, du crayon ou du sang. Une plongée ténébreuse et marquante.

 

 

Visuel : Je suis un ange aussi, dans la vie alors… , Michael Matthys, 2009, Graphite et papier cartonné, 77,5cm x 71cm © Collection Fondation Francès

 

 

Publié par dans Actualités
L’oeil éclos #25

L’oeil éclos #25

Gregory Crewdson 

Untitled (Penitent Girl) (Série Twilight)

2001-2002, Ed. x/10, 54 cm x 153 cm © collection Francès

 

Une scène saisissante, qui m’apparaît comme une réminiscence de la silhouette dénudée d’Isabella Rossellini sur fond de quartier résidentiel américain, dans Blue Velvet. Un sentiment d’inquiétante étrangeté latent, que partage la photographie Untiltled (Penitent Girl) de Gregory Crewdson et le film de David Lynch. Et pour cause, il est le film qui a marqué durablement l’imaginaire de Crewdson.

Dans cette atmosphère crépusculaire, une femme éclairée par les phares d’une voiture se tient las, debout, en sous vêtements ; son corps, dont la chair semble imprégnée d’une désolation psychique ou physique, trahit le récit d’un drame intime en cours. Evoquerait-il une repentance ou un appel à l’aide ?

L’impression d’un événement ou phénomène insaisissable, passé ou imminent, donne la sensation que le drame rôde. Un étrange sentiment de malaise transparaît de cette scène et l’action qui la précède et la suit est entre nos mains, nous sommes témoins d’une histoire dans laquelle nous pouvons projeter nos propres angoisses et désirs.

La texture et la composition de l’image ainsi que le travail sur la lumière lui confèrent une qualité intrinsèquement cinématographique et laissent entrevoir qu’il s’agit ici d’une mise en scène, de la construction d’une fiction. Mais de quelle nature est-elle ? Surréaliste ou documentaire ?  Représentative de l’imaginaire sombre de Crewdson où affluent les dépictions de scènes de la vie quotidienne, les environnements nocturnes, les bouleversements du champ domestique, il se joue dans cette image, un drame psychologique contrecarrant le rêve américain.

Riches de nombreuses influences, les photographies de Crewdson évoquent aussi bien le cinéma fantastique et de suspens de David Lynch, Steven Spielberg, Alfred Hitchcock, que la peinture d’Edward Hopper, ou le style documentaire de William Eggleston et Walker Evans, entre autres. Chez Crewdson, le mystère affleure toujours, il est ancré dans un monde aux frontières du réel, entre onirisme, désenchantement, incertitude et irrationalité, où la beauté se mêle à l’étrangeté. En découle une part impénétrable qui fait des œuvres de Crewdson toute leur singularité.

 

Laure Bensoussan

Publié par dans Actualités, Artistes, Scientifique
Renouvellement accréditation « Club pour l’UNESCO »

Renouvellement accréditation « Club pour l’UNESCO »

La Fabrique de l’Esprit vient de renouveler son accréditation « club pour l’UNESCO ». L’association est à nouveau accréditée pour trois ans comme membre du mouvement des Clubs pour l’UNESCO.

Mouvement populaire mondial, les associations et clubs pour l’UNESCO ont pour objectif principal de promouvoir la compréhension et le soutien de la mission, des priorités et des programmes de l’UNESCO au niveau local.

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, l’UNESCO cherche à construire la paix grâce à la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des sciences, de la culture, de la communication et de l’information. Cela se traduit par le développement d’outils éducatifs, de programmes culturels et scientifiques pour renforcer les liens entre les sociétés, aider les pays à adopter des normes internationales et favoriser la libre circulation des idées et le partage des connaissances.

L’Organisation se concentre en particulier sur deux priorités mondiales : l’Afrique et l’égalité des genres.

Pour plus d’informations :

https://unesco.delegfrance.org/-Reseau-des-Clubs-francais-pour-l-UNESCO-

Publié par dans Actualités
L’oeil éclos #24

L’oeil éclos #24

Léa 24 ans, en service civique recherche et documentation avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les œuvres de la collection Francès.

Annie Leibovitz, JOHN LENNON AND YOKO ONO, NEW YORK 1980, Tirage au platine, édition 30/30, 1980,© Collection Francès

Une chambre. L’intimité. L’amour. L’amour, vraiment ? Quel est ce curieux portrait de couple au cadre parfaitement équilibré ? Je les connais, je les ai déjà vus. Dans des magazines, à la télévision, sur de vieilles images d’archives aux couleurs saturées par le grain de la pellicule. John Lennon et Yoko Ono, amants, amoureux. Ils sont enfermés dans ce petit cadre carré, parfaitement noir et fort. Allongés sur une moquette que je devine beige, ils s’enlacent. Plutôt, il l’enlace. Je suis frappée par le déséquilibre que je vois. Lui, totalement nu, s’accroche à elle de tout son être. Chaque fragment de sa personne est en contact avec sa femme, et il l’embrasse tendrement sur la joue. Son bras gauche fait le tour de sa tête, comme s’il souhaitait capturer son visage – comme un objectif ? -. Les yeux fermés, il est l’instant de tendresse emprisonné par la pellicule. Elle ne l’est pas.

Habillée, le visage fermé, Yoko Ono est allongée. Les bras derrière la tête, on la prend à rêver. Elle n’est pas là, elle s’absente de son regard. Elle est présente dans les yeux clos de l’homme qui l’étreint. Toute de noire vêtue, elle coule sur le sol, se répand. Il la retient, la supplie de ses mains de rester, de le voir comme il la voit. Mais elle ne le touche pas, elle ne le regarde pas, il n’existe pas. Son abondante chevelure de jais se fond dans le cadre et elle devient leur geôlier. Ils sont là, figés par l’étreinte de l’objectif d’Annie Leibovitz, déséquilibrés pour l’éternité comme un Yin et un Yang humain. La chaleur de John Lennon, nu, vulnérable, contraste l’indifférence de Yoko Ono. Ensemble, ils forment un couple au déséquilibre parfait. Le blanc et le noir, l’amour et l’indifférence, la dévotion et l’échappée. Tout cela capturé en un instant sur un tapis d’une chambre d’hôtel.

Publié par dans Actualités
L’oeil éclos #23

L’oeil éclos #23

Mathilde 24 ans, en service civique communication avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les œuvres de la collection Francès.

Benoît Maire, Socrate 2, 2013, pièce unique, 28 x 42.5 cm © Collection Francès

A première vue, un buste de couleur cyan pastel. Un dégradé de bleus tout en transparence qui dévoile les traits d’un visage connu. Il suffit de s’approcher pour reconnaître les traits du philosophe grec. Un mélange de sérénité et de gravité figé dans le savon. Etonnant, vous ne trouvez pas ? Un matériau qui incarne la fragilité du temps, son caractère éphémère.

Scio me nihil scire disait Socrate, « je sais que je ne sais rien ». Une phrase qui a longtemps résonné dans ma tête et qui prend tout son sens lorsque j’observe ce buste. Une œuvre en perpétuel mouvement. Une œuvre qui fait face au temps. Une œuvre qui se façonne grâce lui. Une œuvre qui l’incarne. Une œuvre qui nous rappelle que rien n’est constant et que tout peut changer. Tout peut s’altérer. Les choses, les gens, le monde entier. Une œuvre qui incarne à la fois le changement inévitable mais aussi le renouveau. Le renouvèlement perpétuel de la connaissance, du savoir. Le caractère éphémère des choses laisse place au renouveau et à la possibilité d’apprendre et ce, tout au long de sa vie. De ne jamais prendre les choses pour acquises. D’apprendre, jour après jour, pour ne pas tomber dans l’ignorance. Pour ne pas sombrer. De remettre en question ce que l’on sait, ce que l’on est pour grandir, pour avancer. Pour créer, pour recréer.

En somme, cette œuvre nous invite à remettre en question ce que l’on sait du monde. Elle nous invite à réfléchir sur nos connaissances et sur ce qui nous entoure. Elle nous invite à prendre le temps d’observer, de s’arrêter quelques instants pour contempler ce qui est. Pour contempler ce présent qui ne dure pas, ce temps qui file. Socrate nous invite à découvrir la vaste étendue du savoir et à s’en imprégner, chaque jour durant.

Publié par dans Actualités