Vous souhaitez développer vos compétences en communication ?
La Fabrique de l’Esprit accueille chaque année un Service Civique dans le domaine de l’Art et la Communication.
L’association Elf.e, spécialisée dans le développement de programmes d’éducation artistique, accueille à partir de novembre un(e) jeune volontaire pour assister la chargée de communication et promouvoir l’art contemporain par des voies numériques (réseaux sociaux, site web…).
Ses missions
Développer la communication digitale quotidienne (création de contenus et flux réseaux sociaux),
Relayer les actions éducatives et culturelles de l’association sur l’ensemble de ses supports numériques (RS, site web…) et mettre à jour le site
Participer à l’animation des réseaux sociaux (Facebook, twitter, Instagram…)
Nourrir la rubrique numérique : « L’œil éclos »
Effectuer des recherches sur l’actualité culturelle des partenaires et acteurs culturels du territoire
Contribuer à la réalisation des activités de l’association
Pour postuler directement à l’annonce, rendez-vous sur le site du Service civique
Une scène saisissante, qui m’apparaît comme une réminiscence de la silhouette dénudée d’Isabella Rossellini sur fond de quartier résidentiel américain, dans Blue Velvet. Un sentiment d’inquiétante étrangeté latent, que partage la photographie Untiltled (Penitent Girl) de Gregory Crewdson et le film de David Lynch. Et pour cause, il est le film qui a marqué durablement l’imaginaire de Crewdson.
Dans cette atmosphère crépusculaire, une femme éclairée par les phares d’une voiture se tient las, debout, en sous vêtements ; son corps, dont la chair semble imprégnée d’une désolation psychique ou physique, trahit le récit d’un drame intime en cours. Evoquerait-il une repentance ou un appel à l’aide ?
L’impression d’un événement ou phénomène insaisissable, passé ou imminent, donne la sensation que le drame rôde. Un étrange sentiment de malaise transparaît de cette scène et l’action qui la précède et la suit est entre nos mains, nous sommes témoins d’une histoire dans laquelle nous pouvons projeter nos propres angoisses et désirs.
La texture et la composition de l’image ainsi que le travail sur la lumière lui confèrent une qualité intrinsèquement cinématographique et laissent entrevoir qu’il s’agit ici d’une mise en scène, de la construction d’une fiction. Mais de quelle nature est-elle ? Surréaliste ou documentaire ? Représentative de l’imaginaire sombre de Crewdson où affluent les dépictions de scènes de la vie quotidienne, les environnements nocturnes, les bouleversements du champ domestique, il se joue dans cette image, un drame psychologique contrecarrant le rêve américain.
Riches de nombreuses influences, les photographies de Crewdson évoquent aussi bien le cinéma fantastique et de suspens de David Lynch, Steven Spielberg, Alfred Hitchcock, que la peinture d’Edward Hopper, ou le style documentaire de William Eggleston et Walker Evans, entre autres. Chez Crewdson, le mystère affleure toujours, il est ancré dans un monde aux frontières du réel, entre onirisme, désenchantement, incertitude et irrationalité, où la beauté se mêle à l’étrangeté. En découle une part impénétrable qui fait des œuvres de Crewdson toute leur singularité.
La Fabrique de l’Esprit vient de renouveler son accréditation « club pour l’UNESCO ». L’association est à nouveau accréditée pour trois ans comme membre du mouvement des Clubs pour l’UNESCO.
Mouvement populaire mondial, les associations et clubs pour l’UNESCO ont pour objectif principal de promouvoir la compréhension et le soutien de la mission, des priorités et des programmes de l’UNESCO au niveau local.
Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, l’UNESCO cherche à construire la paix grâce à la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, des sciences, de la culture, de la communication et de l’information. Cela se traduit par le développement d’outils éducatifs, de programmes culturels et scientifiques pour renforcer les liens entre les sociétés, aider les pays à adopter des normes internationales et favoriser la libre circulation des idées et le partage des connaissances.
L’Organisation se concentre en particulier sur deux priorités mondiales : l’Afrique et l’égalité des genres.
Une chambre. L’intimité. L’amour. L’amour, vraiment ? Quel est ce curieux portrait de couple au cadre parfaitement équilibré ? Je les connais, je les ai déjà vus. Dans des magazines, à la télévision, sur de vieilles images d’archives aux couleurs saturées par le grain de la pellicule. John Lennon et Yoko Ono, amants, amoureux. Ils sont enfermés dans ce petit cadre carré, parfaitement noir et fort. Allongés sur une moquette que je devine beige, ils s’enlacent. Plutôt, il l’enlace. Je suis frappée par le déséquilibre que je vois. Lui, totalement nu, s’accroche à elle de tout son être. Chaque fragment de sa personne est en contact avec sa femme, et il l’embrasse tendrement sur la joue. Son bras gauche fait le tour de sa tête, comme s’il souhaitait capturer son visage – comme un objectif ? -. Les yeux fermés, il est l’instant de tendresse emprisonné par la pellicule. Elle ne l’est pas.
Habillée, le visage fermé, Yoko Ono est allongée. Les bras derrière la tête, on la prend à rêver. Elle n’est pas là, elle s’absente de son regard. Elle est présente dans les yeux clos de l’homme qui l’étreint. Toute de noire vêtue, elle coule sur le sol, se répand. Il la retient, la supplie de ses mains de rester, de le voir comme il la voit. Mais elle ne le touche pas, elle ne le regarde pas, il n’existe pas. Son abondante chevelure de jais se fond dans le cadre et elle devient leur geôlier. Ils sont là, figés par l’étreinte de l’objectif d’Annie Leibovitz, déséquilibrés pour l’éternité comme un Yin et un Yang humain. La chaleur de John Lennon, nu, vulnérable, contraste l’indifférence de Yoko Ono. Ensemble, ils forment un couple au déséquilibre parfait. Le blanc et le noir, l’amour et l’indifférence, la dévotion et l’échappée. Tout cela capturé en un instant sur un tapis d’une chambre d’hôtel.
A première vue, un buste de couleur cyan pastel. Un dégradé de bleus tout en transparence qui dévoile les traits d’un visage connu. Il suffit de s’approcher pour reconnaître les traits du philosophe grec. Un mélange de sérénité et de gravité figé dans le savon. Etonnant, vous ne trouvez pas ? Un matériau qui incarne la fragilité du temps, son caractère éphémère.
Scio me nihil scire disait Socrate, « je sais que je ne sais rien ». Une phrase qui a longtemps résonné dans ma tête et qui prend tout son sens lorsque j’observe ce buste. Une œuvre en perpétuel mouvement. Une œuvre qui fait face au temps. Une œuvre qui se façonne grâce lui. Une œuvre qui l’incarne. Une œuvre qui nous rappelle que rien n’est constant et que tout peut changer. Tout peut s’altérer. Les choses, les gens, le monde entier. Une œuvre qui incarne à la fois le changement inévitable mais aussi le renouveau. Le renouvèlement perpétuel de la connaissance, du savoir. Le caractère éphémère des choses laisse place au renouveau et à la possibilité d’apprendre et ce, tout au long de sa vie. De ne jamais prendre les choses pour acquises. D’apprendre, jour après jour, pour ne pas tomber dans l’ignorance. Pour ne pas sombrer. De remettre en question ce que l’on sait, ce que l’on est pour grandir, pour avancer. Pour créer, pour recréer.
En somme, cette œuvre nous invite à remettre en question ce que l’on sait du monde. Elle nous invite à réfléchir sur nos connaissances et sur ce qui nous entoure. Elle nous invite à prendre le temps d’observer, de s’arrêter quelques instants pour contempler ce qui est. Pour contempler ce présent qui ne dure pas, ce temps qui file. Socrate nous invite à découvrir la vaste étendue du savoir et à s’en imprégner, chaque jour durant.
Du 22 au 24 mars prochain, l’Institut français organise sur son compte instagram @if_officiel, une nouvelle édition des open-studios en ligne des lauréats de son programme de résidence à la Cité Internationale des Arts.
A cette occasion, treize artistes venus d’Iran, Egypte, Venezuela, Cameroun, Brésil, Liban, Rwanda et du Mali, en résidence à Paris, présenteront leurs travaux en arts visuels, bande dessinée, cinéma, photographie et littérature.
Cet événement en ligne est l’occasion de repenser le format des portes ouvertes habituellement réalisées in situ, dans un espace-temps reconfiguré sur les réseaux sociaux.
Durant ces trois jours, l’Institut Français vous invite à pousser virtuellement les portes des ateliers de la Cité Internationale des Arts en parcourant le fil d’actualité de son compte Instagram. Des photographies, des vidéos et des témoignages d’artistes en résidence au premier trimestre 2021 (janvier-mars) seront partagés avec les professionnels et le grand public.
Découvrez le programme complet sur institutfrançais.com et retrouvez l’événement sur le compte instagram de l’Institut français @if_officiel
La Fabrique de l’Esprit est intervenue au Lycée Pierre Mendès à Péronne dans le cadre d’un dispositif régional de l’Education nationale nommé PEPS. Dans le cadre de la Saison Afrique 2020, l’association a proposé un projet qui vise à mettre en lumière les problématiques sociétales et culturelles en Afrique s’appuyant sur les œuvres d’artistes contemporains comme Pascale Marthine Tayou, Lynette Yiadom Bokaye, Muholi Zanele.
Introduction et apports théoriques
Dans un premier temps, les intervenantes ont présenté les apports théoriques sur la notion d’art africain : présentation géographique, démographique et historique de l’Afrique de 1880 à aujourd’hui afin de comprendre le contexte de l’art contemporain en Afrique. Plusieurs notions importantes ont également été définies : contemporain, colonisation, diaspora, anthropologie, panafricanisme, négritude ou encore le wax.
En outre, la Saison Africa 2020 a été introduite aux élèves ainsi que les enjeux et problématiques abordés par les artistes africains à travers leurs œuvres. Cette première partie théorique a permis aux élèves de prendre conscience des différents enjeux liés à l’art contemporain de nos jours.
Sensibilisation et création
L’objectif principal de ce projet est de sensibiliser les élèves aux recherches liées à l’art contemporain et aux problématiques sociétales. Outre la découverte de ces artistes contemporains africains, il s’agit également d’interroger le rapport entre arts, société et histoire.
Cette sensibilisation passe aussi et, avant tout, par la mise en route d’un processus créatif réaliséà partir d’objets recyclés, réinterprétés (sculpture, collage, photographie, installation) issus de pièces industrielles. Chaque groupe d’élèves y aborde une problématique différente : discrimination, migration, « sapologie » et environnement.
Les différents groupes ont travaillé durant plusieurs séances sur leur création. De l’atelier de soudure aux photos et vidéos montages en passant par la sculpture en laine de verre, la gravure ou encore l‘assemblage, les méthodes de création choisies par les élèves ont été variées.
La dernière séance sera, pour les élèves, l’occasion de travailler sur les cartels et la médiation liée à leurs œuvres. L’accrochage du projet et des œuvres dans la galerie Picabia de leur lycée est également prévu (cf. plan de la salle de la galerie).
Planning prévisionnel
Séance n°1: 12 janvier 2021 – 10h 13h
Présentation de l’association et du Peps
Les apports théoriques : « L’Art Africain et un focus sur une sélection d’artistes », les matériaux de récupération, l’art et les notions d’identité, histoire et environnement, le marché de l’art..
Visite de la Galerie Picabia
Séance n°2 : Lundi 25 janvier 2021 – 10h-13h
Retour sur l’apport théorique – Création d’outils de médiation à travers la musique.
Confirmation des thèmes : Présentation et sélection des maquettes
Séance n°3 : Vendredi 29 janvier 2021- 9h00-12h
Finalisation des maquettes, plan de production et rédaction (cartels et médiation)
Production des œuvres et technique de soudure.
Séance n°4 : Vendredi 12 février 2021- 9h-12h
Usage des maquettes, plan de production et rédaction (cartels et médiation)
Finalisation des productions artistiques et technique de soudure.
Accrochage du projet et des œuvres. Finaliser les supports de médiation et présentation orale.
Séance n°5 : mercredi 24 mars à 9h00
Finalisation des maquettes, plan de production et rédaction (cartels et médiation)
Accrochage du projet et des œuvres.
Finaliser les supports de médiation et présentation orale.
Daniel Arasse (1944-2003) est l’un des plus éminents historiens de l’art de notre époque. Bien que son domaine de spécialité concerne Léonard de Vinci, dont il a écrit plusieurs monographies, et la Renaissance italienne, son intérêt s’est souvent tourné vers d’autres artistes et époques. Il écrit en 1992 Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture[1], un recueil de plusieurs de ses ekphrasis destiné à interroger le dialogue entre l’œuvre et son regardeur. A cet ouvrage fait écho un second qui paraît quelques années plus tard, On n’y voit rien[2]. Ce livre fait office, à bien des égards, de manifeste. S’extirpant des carcans académiques de la grande Histoire de l’Art – moquée gentiment entre les lignes – il écrit plusieurs dialogues entre un maître historien et son jeune disciple, démontrant à quel point l’érudition ne peut être séparée de l’observation et combien un esprit vif prévaut à un savoir infini. Il questionne le détail incongru d’œuvres étranges ou célèbres comme les fameuses Niñasde Velasquez. Avec une certaine malice et pédagogie, Daniel Arasse nous livre le fruit de son œil critique et acéré dans une forme ludique qui convient même aux moins initiés.
Ces dérives hors des sentiers de l’École florentine ne restent pas uniques. Après avoir livré un troisième ouvrage intitulé Histoires de peintures[3], qui confirme encore une fois le pouvoir de l’observation pour un historien de l’art, il est appelé à traiter d’un art plus contemporain. L’historien convoque alors sa plume et sa curiosité au service d’une analyse volontairement déviante, afin de dresser une monographie de l’artiste Anselm Kiefer[4](1945-). Cette escapade dans l’analyse contemporaine le pousse à interroger les limites de son expertise. C’est dans la préface du recueil que nous étudions aujourd’hui, Anachroniques, que Catherine Bédard nous livre cette réponse : « Daniel Arasse pose […] la question frontalement, notamment dans ses Histoires de peintures, pour préciser que l’art sur lequel il se sent autorisé à écrire est celui où il voit à l’œuvre la ‘‘relève contemporaine d’enjeux artistiques anciens’’[5]»[6]. Réfléchissant par le prisme de la portée intellectuelle de l’art d’hier et d’aujourd’hui, Daniel Arasse nous livre dans Anachroniquesdes réflexions vives et aiguisées.
Cet ouvrage se compose de dix textes écrits de 1993 à 2003. Daniel Arasse y consigne ses pensées autour d’artistes intimes et méditatifs, comme Andres Serrano, qui dans la grande tradition des transis, photographie dans sa série « Morgue » des cadavres presque christiques. Le second texte analyse le travail combiné de deux photographes, Alain Laframboise et Ian Paterson. Daniel Arasse compare ces deux maîtres de l’illusion photographique, du photomontage qui rejette le numérique. Encore une fois, à force d’observation il dégage de leurs travaux, si différents qu’ils sont, une mélancolie du souvenir et une contemplation intrinsèque. Vint ensuite le troisième texte, à propos de La Fermede Michael Snow. Cet artiste reprend la pellicule d’un film dans lequel figurent des vaches paisibles dans un pré. Ces pellicules ont ensuite été agrandies et montées pour enfin être présentées par l’artiste comme une œuvre d’art. L’historien de l’art interroge ce processus de raréfaction de la pellicule, de son montage à son exposition. Le quatrième texte concerne Anselm Kiefer, et le jeu de textes et d’images qu’il mène sur le terrain du souvenir – notamment de l’holocauste juif -. Daniel Arasse l’érige en Vulcain moderne, en démiurge créateur et gardien d’une mémoire déchirée. Revenant à une époque plus moderne, il fait un long détour par l’analyse de « La solitude de Mark Rothko », qui selon lui, « n’est pas actuel, […] n’est même pas contemporain, c’est un innovative modernist, quelque chose comme le dernier old master »[7]. Rothko, selon Daniel Arasse, serait un peintre expressionniste abstrait, aux œuvres monumentales caractérisées par leur intimité, entre mysticisme et humanité philosophique. L’historien le classe dans la catégorie du « sublime abstrait »[8], notamment par l’observation de ses Peintures noires, une série de toiles monumentales entièrement noires, dont le mysticisme coloriste atteint son paroxysme.
L’historien se dirige ensuite vers Cindy Sherman et sa photographie « féministe »[9] qui pose la question de l’identité des femmes dans une société vue par le prisme masculin. Il interroge la photographie de cette artiste à l’extérieur du succès qui fut le sien, le rapprochant des grottes maniéristes du XVIesiècle et du mythe de Narcisse. Comme un écho, il passe ensuite au travail de Max Beckmann et à ses miroirs. Ce peintre épris de natures mortes et de portraits dans la tradition cubiste se place dans la grande tradition des artistes du XVIIesiècle qui théorisent l’art comme une imitation de la nature, subordonnée aux grâces naturelles du monde. Le peintre utilise les miroirs comme une image de la nature, perfectible tant qu’elle n’est pas copie sous le pinceau de l’artiste. Il questionne la vraisemblance du reflet et la réalité dans ses toiles qui ne dépeignent pas le vrai, mais le vraisemblable. Le miroir se fait vecteur de l’émotion, de la profondeur du sujet. Ensuite, Daniel Arasse se fait exégète du travail d’Éric Rondepierre, dans un chapitre intitulé « Des images de rêve ». Il y questionne le voyeurisme aveugle du photographe dont la spécialité réside dans le fait de photographier des photogrammes. L’artiste interroge la matérialité de l’image cinématographique à travers ses extraits composés et décomposés d’images qui signifient selon lui la mort du corps filmique[10]. L’avant-dernier texte concerne le travail d’Alain Fleischer, une série photographique intitulée Exhibition. L’artiste photographie de nuit des projections d’images pornographiques sur les murs de villes diverses. Cette rencontre du public et de l’infiniment intime provoque une surprise et un malaise teinté d’amusement. Enfin, Daniel Arasse conclut avec « Ostinato Rigore », qui revient sur l’expérience artistique de James Coleman au Louvre, en confrontation à l’œuvre de Léonard de Vinci.
Anachroniquesest donc un ouvrage aux thèmes extrêmement variés et curieux, qui ne cessent de bousculer une théorie définie de l’art. Daniel Arasse pense ses analyses comme des anachronismes domestiqués, contrôlés, atténuant leur caractère sauvage par des descriptions strictes et qu’il permet d’étendre en dehors des sentiers tracés grâce à son expertise incontestable.
Par Léa, en service civique Recherche et documentation.
[1]Daniel ARASSE, Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture, Ed. Flammarion, 1992, réédition 1994, 2014.
L’ŒIL Magazine (numéro #741) a publié dans son dernier numéro, un article mettant en lumière le regain d’intérêt pour la peinture des nouvelles générations d’artistes. Un sujet plutôt vaste qui permet de comprendre que le médium de la peinture traverse le temps, tout en restant ancré dans l’histoire de l’art occidentale. À l’occasion de cette réflexion la Fabrique de l’Esprit, se questionne elle-même face à la place de la peinture dans la collection Francès.
« Trop peu de peintres trouvent aujourd’hui la reconnaissance muséale qui leur est due »
– Daniel Templon
Depuis les années 1990, en France, une vision unique des médiums de l’art contemporain s’est forgée par des réseaux de galeries, des centres d’art, des puissants collectionneurs privés, et enfin par les musées. Les installations, la photographie, les performances et les vidéos étaient les nouvelles normes de l’art contemporain. À en oublier la peinture et ses peintres. Beaucoup d’artistes comme Robert Combas ou Hervé Di Rosa ont été oubliés : « une mise au ban ». Pourtant, aujourd’hui, la peinture réinvestit la scène institutionnelle française. Notamment par la grande rétrospective de l’artiste Gérard Garouste en septembre 2022 à Beaubourg.
Le plus difficile pour un artiste c’est de durer. La peinture est une « surface agissante faite de couleurs, de matières, de fonds et de formes, qui puisse offrir au regard des sensations et des émotions». Des échanges nombreux sont créés lors de nouvelles expositions mêlant le travail des aînés et celui des jeunes. Ainsi une peinture se regarde à l’infini et s’interroge constamment notamment à travers ses échanges qui participent au renouvellement fécond de la peinture contemporaine.
La peinture est un médium qui pâtit de la négligence des institutions publiques parisiennes durant de longues années, se souciant à la diversité des publics et à l’innovation permanente. Mais il reste important sur le marché de l’art et auprès des collectionneurs.
Ainsi la collection Francès, par ses nouvelles acquisitions, montre cet attachement au médium de la peinture. La nouvelle acquisition des toiles de Sergey Kononov, Meow et Le Sommeil, illustre cette passion pour la peinture pour le jeune artiste ukrainien de 27 ans. Une peinture qui interpelle ses regardeurs que l’on retrouve aussi auprès des œuvres de son aîné, Alejandro Campins par sa série Letargo. L’artiste explore la notion d’intemporalité dans les paysages qu’il crée, enfermant une ambiguïté temporelle.
Dans le cadre de dispositifs scolaires spécifiques, la Fabrique de l’Esprit valorise ces peintures auprès des plus jeunes, notamment à travers le thème de « L’impact de la couleur sur le regardeur ». Un moment d’échange et de réflexions entre lycéens et intervenantes autour de peintures et de la signification de leurs couleurs.