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#L’œil éclos n°16

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les œuvres de la collection Francès.

 

◊ Sally Mann, Goosebumps, 1990, éd. 6/25, tirage argentique, papier cibachrome, 20 x 25 cm, © Collection Francès.

Acquise en 2010 chez Christie’s Londres

 

Le chant des oiseaux dans le ciel et du vent dans les branches des arbres comme seuls accompagnants, elle chante. Dos à nous, le visage levé vers le ciel, les doux rayons d’un soleil matinal caressant son corps nu. La brise fraîche dresse les poils sur ses bras et la fait frissonner, sa voix tremble un petit instant. Sa mère l’observe, derrière nous. Elle ne nous voit pas, elle lève son appareil photo pour le braquer sur l’enfant. Dans un léger cliquetis, le temps se fige et nous voilà, à admirer l’œuvre d’une photographe, et d’une mère.

 

Je trouve cette œuvre très émouvante, toute l’innocence et la pureté de l’enfant ressort de sa nudité. En pleine nature, seule si on exclut la photographe, elle semble sereine, en pleine rêverie. Ça donne envie de dorer au soleil, dans un silence troublé seulement par le chant des oiseaux.

 

Sally Mann est américaine. Elle naît en 1951 et réalise des photographies à la beauté fascinante. Elle explore des thèmes radicaux : mémoire, désir, mort, liens familiaux, indifférence de la nature envers les hommes. Ses photographies se déploient entre portraits, natures mortes, paysages et études variées, toutes centrées sur le sud des États-Unis, riche d’un héritage historique complexe mais aussi terre natale de l’artiste photographe.

 

Sally Mann interroge sur l’histoire, l’identité, la parentalité, la race et la religion qui transcendent les frontières…

-> Retrouvez l’article dédié à cette œuvre sur le site de la fondation Francès

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#L’œil éclos n°15

#L’œil éclos n°15

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les oeuvres de la collection Francès.

◊ Sebastiao Salgado, India, Churchgate Station, Bombay (Western Railroad Line), 1995, tirage argentique, © Collection Francès.

 

La foule, le bruit, la crasse des quais et leur odeur nauséabonde. Un monde que l’on connaît bien, où un tas de gens s’agglutine pour former une marée humaine pressée, au regard mauvais ou effrayé à l’idée de rater le départ.

Un brouhaha constant, épuisant et assourdissant !

Et au milieu de tout ça un homme, un anonyme égaré cherchant désespérément du regard un point de repère qui n’existe pas, quelque chose qui lui serait familier, rassurant. La silhouette du train qui doit l’emmener loin de la guerre paraît effrayante. Monstre de métal venu l’arracher à son pays à l’agonie, pour l’emmener loin, très loin. Chez ceux qui ne s’arrêtent jamais où il risquera un peu moins la mort mais ne saura où dormir, où manger. Il fuit son foyer bombardé en se faisant la réflexion qu’au final, la guerre n’est jamais très loin. Et qu’elle finira bien par le rattraper un jour, alors qu’il sera sur un quai parisien, à supplier les passants de l’aider.

 

Cette photographie des quais bondés de la gare de Churchgate à Mumbai est issue de la série Migrations, elle nous expose une masse en mouvements, une foule de migrants fuyant la guerre dans une ville à la densité de population effrayante. Dans un contexte politique tendu, l’année même du changement de nom de la ville, Salgado prend sa photo et immortalise cette scène dans la « ville des migrants ».

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#L’œil éclos n°14

#L’œil éclos n°14

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les oeuvres de la collection Francès.

 

◊ Seon Ghi Bahk, Strairway charcoal sculpture, 2007, installation fils de nylon et charbon suspendu, © Collection Francès.

 

Les flammes ravagent une maison de campagne au milieu d’un champ, isolée.
La petite famille se tient à distance, observant le toit et les murs s’effondrer, les larmes coulant sur leurs joues. Leur chien reste assis, les observe en gémissant, sans comprendre la situation. Bientôt, le son de la sirène des pompiers se fait entendre dans la nuit, s’approchant à toute vitesse. Même s’il est déjà trop tard pour sauver leur foyer rougeoyant, un petit espoir les frôle, celui de revoir leur chambre, leur cuisine intactes. Les jouets des enfants, les coutures de maman.
Une fois le feu éteint, le père de famille s’avance et vient patauger dans ce qu’il reste du vestibule. Noir et encore fumant, l’escalier s’efforce de tenir debout, droit et fier comme il l’est resté pendant toutes ces années, sous la lumière de la fenêtre au cadre bleu. Celle-ci gît à terre, brisée comme le pot en terre cuite qui reposait sur son rebord. Plus aucune trace de la peinture bleue, le tableau n’est que nuances de gris bien tristes. Dans un soupir les marches craquent et dégringolent, se couchent au sol en soulevant un nuage de cendres. Les yeux de l’homme le brûlent, mais pas seulement à cause de la poussière. Il fond en larmes.

 

Seon Ghi Bahk est un artiste coréen (Corée du Sud) né en 1966. Il travaille sur deux formes d’expression : Des objets, blancs, compressés et vus en perspective, et comme pour cet escalier et sa fenêtre, des installations de morceaux de charbon suspendus à des fils de nylon.
En Corée, le charbon a ses symboliques. Il est utilisé dans un but de purification, pour éloigner les esprits ou annoncer une naissance, et même en cuisine. L’artiste a choisi cette matière pour travailler sur la relation entre la nature et l’humain.

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#L’œil éclos n°13

#L’œil éclos n°13

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les oeuvres de la collection Francès.

 

◊ Gérard Rancinan, Éloge de la différence Jeffrey, photographie, 2001, ©Collection Francès.

 

Petite tâche noire dans le blanc de ma peau, insignifiante mais pourtant effrayante. Dans mon monde là où seule l’apparence compte, elle n’a pas sa place.

La goutte d’eau devient océan et je me noie, plus noir mais pas non plus blanc je deviens homme tacheté. Comme un guépard dans un monde de gazelles, je suis craint, on m’évite et me dévisage. Comme mes semblables je ne me reconnais plus, je me cache des miroirs et des autres hommes, qui reflètent le monstre que je suis. Serait-ce un cauchemar ? Écarté du monde, rejeté injustement pour arborer la différence sur ma peau.

Ne pas être conforme aux critères de beauté est perçu comme un crime là dehors, et on le paie durement. Peu à peu changé en une créature abominable par le regard des autres, j’ai dû me battre un long moment pour retrouver mon humanité perdue.

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Forum des Associations 2019

Forum des Associations 2019

Depuis 2013, l’association La Fabrique de l’esprit® développe un programme unique de cours d’Histoire de l’art, œuvres à l’appui.
La Fabrique de l’esprit® est membre du mouvement des Clubs pour l’UNESCO. Ses programmes sont reconnus et conformes aux engagements éducatifs et internationaux soutenus par la Commission Nationale Française pour l’UNESCO, et bénéficiant d’un agrément délivré par le Ministère de l’éducation Nationale.

L’association intervient en milieu scolaire (cycles 1,2,3 collèges, lycées) et dispense des modules spécifiques qu’elle conçoit avec les équipes pédagogiques. Mais elle propose également une offre grand public destiné aux jeunes de 3 à 15 ans et aux adultes à partir de 16 ans.

La Fabrique de l’Esprit® vous retrouvera au Forum des Associations.

  • Découverte du nouveau programme d’histoire de l’art pour le jeune public et les adultes
  • Adhésion à l’association pour bénéficier d’offres exclusives et un accès illimité au Centre de documentation

Rendez-vous le samedi 7 septembre au complexe sportif Yves Carlier à Senlis

Horaires : de 10h à 18h

Entrée gratuite

 

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#L’œil éclos n°12

#L’œil éclos n°12

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les oeuvres de la collection Francès.

 

◊ Adrian Ghenie, Untitled, 2011, huile sur toile, © Collection Francès

 

1967. Hitler a gagné la guerre… Toutes les guerres. Seuls les Etats-Unis, faibles et fatigués continuent de lutter. Eux qui se sentaient intouchables, ont maintenant quatre continents allemands face à eux. Demain, le Führer compte leur proposer un accord, pour se faire livrer les derniers Juifs encore sur Terre. Sur un grand plateau, il a réparti ses pions, il a plus de soldats que n’importe quel dirigeant n’a pu avoir. Il règne sur un monde de feu et de sang, son monde, mais alors qu’il devrait jubiler, il observe un décor bien triste… Envahi par une étrange mélancolie.

“Qui suis-je ? Comment en suis-je arrivé là ?”

Son peuple ne crie plus, trop effrayé. Personne n’ose le contredire, lui qui aimait tant défier l’autorité n’a plus personne à qui désobéir. Même sa femme, qui l’a épousé sous la contrainte, ne lui fait aucun reproche. Tous s’écrasent et se taisent, ont l’air morts intérieurement. Qu’a-t-il fait à l’humanité ? Il a pratiquement réduit d’un quart leur population, et ceux qui restent ne sont plus qu’ombres cernées. Il se tourne vers une de ses fenêtres surplombant une ville à demi écroulée, soupire en observant l’altercation d’un de ses sergents par un groupe de manants au dos courbe et à l’allure repoussante.

“Ils auraient dû m’accepter aux Beaux-arts. Je serais devenu peintre.”

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Les #vendredilecture de Marine – #4

Les #vendredilecture de Marine – #4

Découvrez ce vendredi le livre choisi par Marine, 19 ans, parmi les ouvrages du centre de documentation de La Fabrique de l’Esprit®.

Corbeyran et Guérin (scénario), Guerineau, Damour, Henriet et Formosa (dessins), Les véritables légendes urbaines, Tome 1, Éditions Dargaud, 2007, 48p.

 

Dans un univers sombre autant par ses dessins que par ses sujets, partez en quête d’une petite frayeur en tournant les pages de cette bande dessinée. Accompagné du narrateur qui n’est autre que la rumeur incarnée dans un personnage drapé d’un long manteau et d’une aura de mystère, imprégnez-vous de quatre courtes histoires horrifiantes.
Sans aucun doute, une question pourra s’insinuer dans votre esprit. Insistante, déstabilisante.
Toutes ces personnes n’ont rien fait de spécial pour se retrouver dans ces situations, alors… Pourquoi pas vous ?

 

À découvrir au Centre de Documentation sans plus attendre.

Informations adhésion : litote@lafabriquedelesprit.fr

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#Education – La réparation au collège Albéric Magnard de Senlis

#Education – La réparation au collège Albéric Magnard de Senlis

La Fabrique de l’Esprit poursuit ses projets scolaires avec le CDDC « La réparation » au collège Anne-Marie Javouhey de Senlis.

Pour leur première séance, les élèves ont abordé la notion de réparation à l’appui d’œuvres d’art anciennes et contemporaines : réparation de l’objet, de l’humain, de l’Histoire et de la société.
Ils ont pu découvrir que certains artistes abordent cette notion à travers des réalisations plastiques en prenant l’exemple de l’artiste Kader Attia dont ils ont découvert les œuvres à la fondation Francès (Senlis).

Lors des séances suivantes, les élèves ont pu imaginer leurs propres réalisations en partant du constat que leur établissement a subit lui aussi des traumatismes, blessures visibles et permanentes.

L’idée était lancée : les élèves ont chercher à révéler les fissures présentent sur les murs, les sols, les marches de leur collège. Fissures soulignées, surlignées, mises en couleur, mises en musique, transférées sur papier. Toutes les techniques ont été mises à contribution : papier, peinture acrylique, gouache, craie…

Un résultat semi-permanent à l’extérieur et plus pérenne à l’intérieur.

Une « réparation » visible aux yeux de tous les collégiens.

 

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Découverte littéraire #3

Découverte littéraire #3

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit, vous invite cette semaine à découvrir une bande-dessinée du centre de documentation.

 

Luz, Catharsis, BD Futuropolis, 128 p.

Le 7 janvier 2015, le jour de son anniversaire, la vie de Renald Luzier – dit Luz – a basculé. Ce jour là, alors qu’il devait se rendre à une conférence de rédaction au siège de Charlie Hebdo, il profite de sa matinée et prend du retard. C’est ce qui lui sauve la vie, car il échappe ainsi à l’attentat meurtrier dans lequel ont péri plusieurs de ses collègues, qui eux n’ont pas eu la même chance que lui.

“ Un jour, le dessin m’a quitté.
Le même jour qu’une poignée d’amis chers. À la seule différence qu’il est revenu, lui. 

Dans Catharsis, Luz renoue avec le dessin et libère ses craintes, les pose sur le papier pour nous les exposer. Peu de couleurs, un univers parfois sombre et d’autres fois bien gai, on peut petit à petit découvrir qui il est, par le biais de ses souvenirs, ses rêves et cauchemars. On le suit dans une aventure désorganisée, avant ou après l’attentat, en partageant l’histoire d’un homme traumatisé, et ce à quoi il essaie de se raccrocher.

Les dessins sont pour la plupart sombres, mais fins. L’espace laissé au vide est important, facilitant la lecture. Quelques touches de rouge ou de bleu sont disséminées dans les planches, donnant plus de force à certaines images.
L’ensemble peut paraître minimaliste, mais on sent une technique très travaillée, et les émotions transmises par plusieurs courtes histoires sont tout de même très fortes.
L’artiste pendant sa déposition au commissariat, des terroristes qui dansent dans la rue, une séance chez le psy… Tout se mélange et s’assemble, et comme l’indique le titre, les émotions de l’artiste sont extériorisées pour un effet thérapeuthique, en quelque sorte.

C’est troublée, que j’ai tourné la dernière page et refermé cette bande dessinée bien particulière, qui ne tend pas au rire. Certaines scènes sont plutôt comiques, mais beaucoup sont dures, et il ne faut pas oublier que le contexte de ces dessins est sombre, triste, issus du traumatisme d’un homme qui a échappé à la mort.

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#L’oeil éclos n°11

#L’oeil éclos n°11

Marine, 19 ans, en service civique avec La Fabrique de l’Esprit® nous offre son regard sur les oeuvres de la collection Francès.

 

◊ Jaune Oda, Touched, 2010, pièce unique, huile sur toile © collection Francès

 

Deux visages s’entremêlent et dansent, portés par le souffle chaud de leur moitié. Chuchotés, invisibles, des mots doux et interdits se joignent au tableau, glissant entre leurs lèvres si proches. On ne peut les entendre qu’en tendant bien l’oreille.

Elles chantent une ode à l’amour, rêvant ensemble d’un monde dans lequel rien ne peut les séparer. Un monde où elles ne font qu’une, déconnectées de tout le reste et sans plus aucun soucis. Leur air apaisé est frappant, il rend jaloux. Mais on ne peut leur voler leur bonheur, elles sont hors d’atteinte, invincibles. Et refusent de le partager avec nous.

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